La désignation de zones protégées permet de maintenir des noyaux d’habitats et de populations à partir desquels un redéploiement des espèces est possible. Parmi celles-ci, les réserves naturelles domaniales[1] et agréées[2] (RND et RNA), les réserves forestières[3] (RF), les zones humides d’intérêt biologique[4] (ZHIB), les cavités souterraines d’intérêt scientifique[5] (CSIS) et les réserves intégrales en forêt[6] (RIF) jouissent d'une protection plus forte que d’autres[7].
Le réseau de sites s’étoffe mais reste peu étendu
En Wallonie, les zones abritant des habitats et des populations d’espèces rares ou menacés ou constituant des exemples remarquables d’association d’espèces en excellent état de conservation sont répertoriées par le Service public de Wallonie (SPW - DGO3) dans une base de données scientifiques comme "sites de grand intérêt biologique" (SGIB)[8]. Parmi les 2 771 sites (100 980 ha) que comptait cette base de données en février 2019, 558 sites bénéficiaient de l’un des statuts de protection suivants en 2018 : RND, RNA, RF, ZHIB ou CSIS. Leur superficie cumulée[9] était de 15 643 ha. En outre, 5 544 ha de forêts feuillues publiques (soit 3,8 % de la superficie feuillue publique, 2 % de la superficie feuillue wallonne ou 0,99 % de la superficie forestière totale q) étaient inscrits en RIF (environ 6 % de cette superficie était également incluse dans des RF, des RND, des RNA ou des ZHIB). Sur base de la cartographie de ces sites naturels protégés au 31/12/2018[10] et en supprimant tout recouvrement, l’ensemble des RND, RNA, RF, ZHIB et RIF couvrait 20 280 ha, soit 1,2 % du territoire wallon. Environ 88 % de cette superficie se retrouvait également dans la matrice plus large du réseau Natura 2000 q. Les superficies de sites naturels protégés désignés varient selon les années mais, en moyenne, sur la période 1990 - 2018, 576 ha ont été désignés chaque année.
Diverses modalités de gestion et de protection
Au sein des sites naturels protégés, les activités humaines sont interdites ou visent la gestion des milieux[11]. Les RND et RNA peuvent être intégrales (aucune gestion n’est pratiquée afin de laisser les phénomènes naturels évoluer) ou dirigées (une gestion appropriée est mise en œuvre). Les RF font l’objet d’une gestion et d’aménagements fondés sur une analyse scientifique. Le plan de gestion des RND, RNA et RF doit être approuvé par la section Nature du Pôle Ruralité du Conseil économique, social et environnemental de Wallonie. En ce qui concerne les RND, une commission consultative de gestion est instaurée pour chaque réserve ou groupe de réserves. Chaque commission établit un rapport annuel relatif à l’évolution de la gestion de chaque réserve pour laquelle elle est compétente q. Dans le cas des RNA, un rapport sur l'état des travaux de gestion effectués et projetés doit être rendu annuellement par le gestionnaire au SPW - DGO3 pour bénéficier de subventions q. En ce qui concerne les RF, le plan de gestion est renouvelé tous les 9 ans pour les réserves qui appartiennent à un autre propriétaire que l’État q. La gestion des ZHIB et des CSIS s’effectue quant à elle sur base des différentes mesures précisées dans chaque arrêté de désignation. Au sein des RIF, où l’exploitation du bois est difficile voire impossible[12] et/ou sans intérêt économique, aucune forme d’intervention n’est pratiquée[13] afin de permettre le vieillissement de la forêt et l’expression des dynamiques naturelles.
Les budgets conditionnent la consolidation du réseau
Outre la disponibilité des terrains visés, leur valeur vénale et les budgets disponibles conditionnent la rapidité avec laquelle le réseau peut être renforcé. Sur la période 2009 - 2018, l’acquisition par la Wallonie[14] de terrains à ériger en RND a représenté un budget moyen de 209 344 €/an. Sur la même période, les subventions accordées aux associations pour l’achat de terrains à ériger en RNA ont représenté un budget moyen de 122 771 €/an. En outre, des terrains appartenant à d’autres types de propriétaires sont mis à la disposition du Département de la nature et des forêts (SPW - DGO3) (gratuitement ou en location) pour créer des RND[15]. Dans sa Déclaration de politique régionale 2017 - 2019 q, le Gouvernement wallon s’est engagé à augmenter les lieux propices à la biodiversité dont notamment les réserves naturelles. Par ailleurs, le Code du développement territorial (CoDT) q prévoit d’assurer un maillage écologique cohérent à l’échelle du territoire régional via la définition de liaisons écologiques entre les sites déjà reconnus. Dans ce cadre, un avant-projet d'arrêté q a été soumis à enquête publique fin 2018. À noter également qu'une étude est en cours pour préparer l’identification et la cartographie d’un réseau écologique wallon à l’image de ce qui existe déjà dans d’autres pays européens[16].
Aires protégées érigées sur des terrains publics et gérées par le Service public de Wallonie q
Aires protégées érigées sur des terrains privés et gérées par une personne physique ou morale autre que le Service public de Wallonie q
Aires protégées érigées sur des terrains forestiers publics ou privés et gérées par le Service public de Wallonie q
Aires protégées constituées de zones humides (marais, fagnes, tourbières...) sur des terrains publics ou privés et gérées par le Service public de Wallonie q
Cavités souterraines protégées appartenant à un propriétaire public ou privé et gérées par le Service public de Wallonie q
Aires de peuplements feuillus sur des terrains publics mis en réserve à concurrence de 3 % de la superficie totale de ces peuplements (par propriétaire de plus de 100 ha de bois et forêts) q
Autres types de protection territoriale : parc naturel, zone protégée aux plans de secteur et site classé
Un SGIB n’a pas de statut de protection légal. Voir la page consacrée aux SGIB sur le portail de la biodiversité en Wallonie q
En raison de leur caractère souterrain, pas de superficie répertoriée pour les CSIS
Il y a un décalage temporel entre la désignation de sites naturels protégés et leur cartographie dans le géoportail de la Wallonie q.
Exemple de gestion : fauche ou pâturage extensif dans les milieux ouverts afin d’éviter leur fermeture par la croissance d’espèces ligneuses
Terrains en pente p. ex.
Excepté le contrôle du gibier ou la sécurisation des chemins
Hors subventions accordées dans le cadre des programmes LIFE q et hors subventions accordées au titre du Programme wallon de développement rural (PwDR) 2014 - 2020 q
À la date du 06/02/2019, les propriétaires concernés étaient : des communes (1 530 ha), des propriétaires privés (93 ha), des sociétés anonymes (86 ha), des groupements d’intérêt économique (57 ha), des provinces (24 ha), des ASBL (23 ha), des CPAS (16 ha), des fabriques d’église (2,4 ha) et des fondations (1,38 ha).
Allemagne, France, Pays-Bas, Estonie, Danemark…