L’abeille domestique est un indicateur de l’état des écosystèmes ; ses populations sont en déclin depuis plusieurs dizaines d’années. Leur taux de mortalité fluctue d’une année à l’autre mais reste cependant particulièrement élevé. Ce déclin résulte de plusieurs facteurs qui agissent en synergie.
Rôle important dans la pollinisation des cultures
Sur 400 espèces d’abeilles présentes en Belgique (399 espèces d’abeilles sauvages et de bourdons)(a), seule l’abeille domestique Apis mellifera L. produit du miel. Dans nos régions, environ 75 %[1] des plantes à fleurs se reproduisent grâce aux pollinisateurs (essentiellement les abeilles sauvages, l’abeille domestique ne contribuant qu’à 15 % tout au plus de la pollinisation des cultures). En Wallonie[2], la valeur économique de la pollinisation peut atteindre plusieurs centaines de millions d’euros par an[3].
Déclin multifactoriel des abeilles domestiques
Depuis la fin des années ‘90[4], les populations d’abeilles domestiques déclinent. Selon le monitoring apicole belge[4], lors de la saison apicole 2012 - 2013, le taux de mortalité hivernale des colonies d'abeilles domestique s'élevait à 34,6 %, soit un taux comparable à celui observé dans l’étude européenne EPILOBEE(f) (mortalité de 32,8 % en Wallonie, soit le plus haut pourcentage parmi les 17 pays européens participants). Ce taux de mortalité s’expliquerait principalement par un manque de nourriture dû à un hiver particulièrement rude et un printemps inhabituellement froid et pluvieux. Lors de la saison 2013 - 2014, le taux de mortalité hivernale en Wallonie était de 18,2 % selon les données du monitoring apicole belge et de 9,8 % selon l’étude EPILOBEE(g) (17,8 %[5] pour l’ensemble du territoire belge). Des différences méthodologiques pourraient expliquer ces résultats contrastés. La diminution du taux de mortalité serait due, en partie du moins, aux conditions climatiques (hiver plus doux). Les experts s’accordent à dire que le déclin observé est multifactoriel et que les causes agissent en synergie : maladies (parasites, virus, bactéries, champignons), agriculture intensive, perte de diversité florale, changements climatiques… L’acarien Varroa destructor est une espèce invasive aujourd’hui considérée dans nos régions comme une des principales causes de mortalité des colonies d’abeilles domestiques. Une méta-analyse[6] a aussi mis en cause l’usage des produits phytopharmaceutiques (PPP) systémiques[7] comme les néonicotinoïdes utilisés en enrobage de semences.
Agir en faveur des insectes pollinisateurs
Depuis 2011, la Wallonie a mis en place le Plan Maya[8]. En 2016, il visait à reconstituer des espaces riches en plantes mellifères, à sensibiliser le public, à soutenir les apiculteurs, à renforcer le fauchage tardif des bords de route, à poursuivre et renforcer les actions mises en place dans le cadre du Programme wallon de réduction des pesticides[9] et des Plans de gestion différentiée des espaces verts, et à développer la végétalisation des cimetières. Fin 2016, 212 communes et 3 provinces y participaient.
Voir les références suivantes : (b) (c) (d)
[2] Vereecken et al. (données non publiées)
[3] Voir les références suivantes : (b) (c) (e)
[4] Monitoring apicole belge – ULg-GxABT
[5] 17,8 % selon les chiffres calculés par le laboratoire de référence belge du CERVA pour l’AFSCA, 14,8 % selon les chiffres calculés par le laboratoire de référence européen de l’ANSES pour l’étude EPILOBEE
Task Force on Systemic Pesticides, 2015 (http://www.tfsp.info/fr/worldwide-integrated-assessment/). Voir référence suivante(h)
PPP qui se retrouvent dans toutes les parties de la plante (racines, tiges, feuilles, pollen, nectar…)
Voir le site http://biodiversite.wallonie.be/fr/plan-maya.html?IDC=5617 et l'indicateur relatif aux programmes mis en place par les communes en faveur de l'environnement q
Gestion des espaces publics sans pesticides à partir de juin 2019. Voir l’indicateur relatif au Programme wallon de réduction des pesticides q