Ménages

 

Les ménages sont des acteurs clés de la vie économique. En se logeant, en se déplaçant et en consommant des biens et des services, les ménages exercent des pressions sur l’environnement : consommation en sol, d’énergie, d’eau, de matières premières, émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques, rejets d’eaux usées, génération de déchets... La nature et l’intensité de ces pressions varient selon les caractéristiques du ménage (taille, revenus…) et ses habitudes de consommation. Les effets néfastes de la consommation des ménages wallons ne touchent pas uniquement la Wallonie, mais également d’autres régions du monde. Ils sont causés par l’extraction des ressources, la production, la transformation et le transport de produits qui sont consommés en Wallonie mais qui proviennent d’ailleurs, ainsi que par les voyages et activités touristiques. Par ailleurs, une double dynamique s’observe en Wallonie : d’une part, le nombre de ménages augmente, cette augmentation étant plus rapide que celle de la population, et, d’autre part, la taille moyenne des ménages diminue. Ces évolutions accentuent les pressions exercées sur l’environnement et les impacts subséquents. Dans ce contexte, agir sur le comportement des ménages sera déterminant pour atténuer ces pressions et impacts.
 

Des ménages de plus en plus nombreux et de plus en plus petits

Au 01/01/2020, la Wallonie comptait 1 591 591 ménages, soit 15 % de plus qu’en 2000. En comparaison, la croissance démographique était de 9 % seulement au cours de la même période. L’augmentation du nombre de ménages n’est donc pas uniquement liée à la croissance de la population, mais également à la réduction de la taille moyenne des ménages, qui est passée de 2,38 hab/ménage en 2000 à 2,26 hab/ménage en 2020, poursuivant ainsi une tendance antérieure qui se constate aussi ailleurs en Europe. Les personnes seules représentaient un peu plus d’un tiers des ménages en 2020 (36 %). Elles étaient suivies par les ménages de deux personnes qui comptaient pour 29 % du total des ménages. Ces deux catégories sont en forte augmentation ces 20 dernières années : respectivement + 31 % et + 14 %. Différents facteurs expliquent cette dynamique : d’une part, les changements de modes de vie (diminution du nombre d’enfants par famille, mises en couple plus tardives, unions plus fragiles entraînant l’augmentation de la monoparentalité, décohabitation des générations…) et, d’autre part, l’allongement de la durée de vie, avec davantage de ménages âgés de une ou deux personnes. Selon les perspectives démographiques du Bureau fédéral du Plan et de Statbel, cette tendance devrait se poursuivre au moins jusqu’à l’horizon 2070. La Wallonie devrait ainsi compter un peu plus de 1,8 millions de ménages en 2070 (+ 14 % par rapport à 2020), dont 43 % de ménages d’une personne. L’augmentation du nombre de ménages a des conséquences d’un point de vue environnemental, notamment en termes de consommation de ressources naturelles, d’émissions atmosphériques ou de production de déchets, et ce particulièrement si elle est associée à une réduction de la taille moyenne des ménages, car un plus petit nombre de personnes par ménage s’accompagne d’une plus grande consommation moyenne par personne d’énergie et de biens de consommation (moins d’économies d’échelle).


La consommation des ménages : une approche globale

À travers l’achat de biens et de services, la consommation des ménages est à l’origine de multiples pressions environnementales. En raison de la globalisation des échanges commerciaux, seule une partie de ces pressions s’exercent sur le territoire où a lieu l’acte de consommation. En effet, une partie croissante de la consommation des ménages est satisfaite grâce à des activités productives potentiellement polluantes qui ont lieu à l’étranger (extraction de matières premières, production, transformation et transport des produits). La plupart des indicateurs environnementaux "classiques", en particulier en matière de ressources, d’énergie ou d’émissions atmosphériques, ne tiennent pas compte de ces pressions car ils sont basés sur le principe de territorialité : seul ce qui est extrait, consommé ou émis sur le territoire de la Wallonie est comptabilisé. Si cette méthodologie offre plusieurs avantages (dont la facilité et la comparabilité), elle occulte une partie des pressions liées à la consommation des ménages, et ce d’autant plus dans un contexte de désindustrialisation de la Wallonie, de complexification des chaines de production et d’augmentation générale des niveaux de consommation.

Afin de répondre à ces limites, des indicateurs d’évaluation globale des pressions, ou "d’empreinte environnementale", ont été développés par plusieurs institutions et organismes ces dernières années. Parmi ceux-ci figure "l’empreinte carbone", qui s’intéresse plus particulièrement aux pressions exercées par la consommation de la population d’une région donnée sur le climat. L’empreinte carbone représente ainsi la quantité de gaz à effet de serre émis pour satisfaire la demande finale intérieure d’un territoire. Elle se mesure en tenant compte, d’une part, des émissions directes de gaz à effet de serre liées au logement (combustion de mazout ou de gaz pour chauffer le logement) et au transport des ménages (combustion de carburant dans le véhicule p. ex.), et, d’autre part, des émissions indirectes, liées au "panier de consommation", c’est-à-dire les émissions liées à la production – où qu’elle se fasse – de biens et de services consommés par ces ménages. Les émissions de gaz à effet de serre issues de la production intérieure sont donc comptabilisées, mais aussi les émissions "cachées" de la consommation, c’est-à-dire celles associées à la production et au transport international des biens et services qui sont importés et consommés sur ce territoire.

Dans le cadre du projet scientifique Global carbon project, les empreintes (CO2 uniquement) de plus de 200 pays sont calculées depuis 1990. En 2018, l’empreinte CO2 de la Belgique s’élevait à 15,4 tonnes de CO2 par habitant. La Belgique faisait ainsi partie du trio de tête des pays européens en matière d’empreinte CO2, la moyenne européenne s’élevant quant à elle à 7,9 tonnes de CO2 par habitant (UE-27). Si on souhaite atteindre la neutralité carbone[1], les émissions de gaz à effet de serre doivent décroître fortement. Les efforts à fournir seront donc importants. À titre d’illustration, l’utilisation d’une voiture émettant 135 grammes équivalent-CO2 par km et effectuant 15 000 km génère 2 tonnes de CO2.

À ce jour, aucune analyse détaillée de l’empreinte carbone et/ou de l’empreinte CO2 de la Wallonie n’a encore été réalisée. La plateforme wallonne pour le GIEC a toutefois dressé un premier aperçu qualitatif de ce que pourrait être la composition de l’empreinte carbone wallonne, avec une répartition des émissions par grand poste de consommation. Ces estimations confirment l’importance de certains postes de consommation déjà identifiés comme fortement émetteurs en Wallonie (transport, logement). Elles mettent également en avant d’autres postes qui apparaissent peu dans les inventaires de gaz à effet de serre "classiques", soit parce qu’ils ne sont pas définis, soit parce que la prise en compte des émissions réalisées en dehors de la Wallonie augmente leur importance. Il s’agit en particulier de l’alimentation et des loisirs, des vêtements, des appareils ménagers et des moyens de communication.


Le logement des ménages : première cause d’artificialisation du territoire en wallonie

La construction de maisons, d’immeubles à appartements, de centres commerciaux, d’infrastructures et d’équipements entraîne une artificialisation du territoire : les superficies consacrées à l’agriculture, à la sylviculture et aux espaces naturels régressent progressivement et de façon quasi irréversible. Cette artificialisation a de nombreuses conséquences environnementales, directes et indirectes : perte de ressources naturelles, imperméabilisation des sols, modification du cycle naturel de l’eau, fragmentation des habitats naturels... Les conséquences de l’artificialisation sur l’environnement sont d’autant plus importantes que les logements, les infrastructures, les industries, les commerces et les services publics sont fortement dispersés, cette dispersion induisant dans la plupart des cas une hausse de la demande en transports et de la pollution atmosphérique.

En 2020, la superficie utilisée par les ménages wallons pour se loger (annexes comprises : garages, cours, jardins…) s’élevait à 6,5 % du territoire, soit 1 098 km². Depuis 2000, cette superficie a augmenté de 22 %, ce qui est plus que l’augmentation de la population wallonne sur la même période et plus que la hausse du nombre de ménages. Chaque ménage wallon a donc consommé en moyenne en 2020 plus de surface au sol pour se loger (690 m²/ménage) que ce qu’il consommait en 2000 (649 m²/ménage). Différents facteurs expliquent cette tendance : des prix fonciers attractifs, de larges disponibilités dans les zones à bâtir, particulièrement dans celles les plus à l’écart des centres urbains, une demande des ménages pour des maisons 4 façades et des parcelles de grande superficie, une gestion communale peu parcimonieuse des sols et l’augmentation des logements vides, qui entraine un report de la demande en logements sur des terrains non artificialisés. L’expansion du résidentiel est la cause première du phénomène d’artificialisation en Wallonie, puisqu’elle compte pour 71 % du total des terrains qui ont été artificialisés entre 2000 et 2020. Il faut toutefois noter que, depuis le début des années 2000, le rythme de la consommation en sol pour le résidentiel tend globalement à diminuer (13,7 km²/an entre 1995 et 2000 versus 7,7 km²/an entre 2015 et 2020). Ceci traduit l’adoption de modes de production de l’habitat relativement plus parcimonieux du sol – une tendance qui se confirme à travers les chiffres relatifs à la construction de logements neufs puisque, depuis plusieurs années, les appartements représentent approximativement 50 % des nouveaux logements pour lesquels un permis est délivré.

À moyen et long termes, la croissance de la population et du nombre de ménages devrait se poursuivre, ce qui continuera à faire croitre la demande en logements. Les politiques mises en œuvre en matière d’aménagement du territoire et de logement seront donc déterminantes par rapport aux impacts environnementaux liés à cette croissance. Le Schéma de développement du territoire (SDT), adopté en 2019 par le Gouvernement wallon, mais dont la date d’entrée en vigueur reste à définir, tente d’apporter une réponse à ces enjeux. Il prévoit de stopper à moyen terme l’artificialisation des terres en réduisant la consommation des terres non artificialisées à 6 km²/an d’ici 2030 et en tendant vers 0 km²/an à l’horizon 2050. Les mesures permettant d’atteindre cet objectif doivent cependant encore être déterminées. En matière de logement, le SDT prévoit de fournir 350 000 nouveaux logements d’ici 2050, dont 175 000 qui seront construits d’ici 2030. Une part croissante de ces nouveaux logements devra être construite sur des terres déjà artificialisées en vue d’atteindre au minimum 50 % de logements construits sur des terres déjà artificialisées à partir de 2030 et 100 % à partir de 2050.
 

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Un parc résidentiel wallon avec de faibles performances énergétiques

En 2018, un ménage wallon consommait en moyenne 22 MWh d’énergie dans son logement, soit 12 % de plus qu’un ménage flamand. La consommation moyenne des logements wallons était globalement en baisse entre 1990 et 2010, depuis lors elle semble se stabiliser.

Le mix énergétique des logements wallons est encore largement dépendant des énergies fossiles, les deux types d’énergie les plus utilisés étant le mazout (46 % en 2018) et le gaz naturel (25 %). La part des produits pétroliers est particulièrement importante en Wallonie en comparaison avec les territoires qui l’entourent, où le gaz naturel est plus répandu. Ceci s’explique par le caractère plus dispersé de l’habitat, qui limite l’extension du réseau de distribution de gaz. L’électricité arrive en troisième position (19 %). À noter que l’impact de la consommation d’électricité sur le climat et l’environnement dépend des sources d’énergie employées pour sa production : les centrales nucléaires génèrent des déchets radioactifs, les centrales au gaz sont sources de polluants atmosphériques… Poussée à la hausse par le déploiement de nouvelles technologies dans les années '90 et 2000, la consommation d’électricité a connu un pic en 2010. Depuis lors, elle s’est stabilisée, notamment grâce aux nouvelles règlementations sur les consommations électriques des appareils. Le bois est la quatrième source d’énergie la plus utilisée par les ménages (8 %). Afin d’améliorer les rendements de la combustion et limiter les émissions de polluants atmosphériques, en particulier les particules, l’utilisation du bois fait l’objet de campagnes de sensibilisation. Le bois est également la première source d’énergie renouvelable consommée dans les logements wallons (71 %), devant le solaire photovoltaïque (19 %) et la chaleur ambiante (exploitée via les pompes à chaleur) (5 %). La consommation d’énergie issue de sources renouvelables a plus que triplé entre 2000 et 2018, où elle représentait 12 % du total des consommations des logements. Cette part est appelée à augmenter dans les années à venir afin de participer à l’objectif d’une Wallonie neutre en carbone à l’horizon 2050. La décarbonation du mix énergétique des bâtiments passera notamment par une utilisation croissante des pompes à chaleur, du solaire thermique et de la biomasse (buches, pellets…)[2].
 

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L’essentiel de l’énergie consommée dans les logements est utilisé pour le chauffage (76 % en 2018) et la production d’eau chaude sanitaire (11 %). Les caractéristiques du parc immobilier (type, taille et performances énergétiques des logements) sont par conséquent un facteur explicatif important. Globalement, les performances énergétiques du parc immobilier wallon existant sont faibles (données portant sur le parc immobilier d’avant mai 2010) : seulement 1 % des logements présenteraient un label PEB A ou supérieur (logements les plus performants), tandis que 10 % des logements afficheraient un label B, 14 % un label C, 16 % un label D, 16 % un label E, 14 % un label F, et 29 % des logements présenteraient le label G, c’est-à-dire le label le moins performant. Ceci s’explique par l’ancienneté du parc résidentiel wallon (près de 25 % des logements ont été construits avant 1921, 80 % datent d’avant 1991) et par un faible taux de rénovation des logements (de l’ordre de 1 % par an). Quant aux nouveaux logements, leurs performances énergétiques s’améliorent en raison du renforcement des exigences depuis une dizaine d’années : en 2020, 38 % des logements neufs avaient un label A, A+ ou A++ contre 16 % en 2012. Cette tendance devrait s’accélérer, étant donné que depuis le 01/01/2021 le label A est devenu obligatoire pour toute nouvelle construction. À l’heure actuelle, le principal défi concerne donc la rénovation énergétique du bâti existant. Fin 2020, le Gouvernement wallon a pris acte de la Stratégie wallonne à long terme de rénovation énergétique des bâtiments. Avec ce document, la Wallonie ambitionne d'améliorer d’ici 2050 les performances énergétiques de l’ensemble du parc de logements de la Région, de façon à tendre en moyenne vers le label A décarboné (label A, avec une consommation énergétique assurée via des sources d’énergie renouvelables uniquement), en visant en priorité la rénovation profonde des logements les moins performants. Différentes mesures sont ainsi prévues, dans le but d’augmenter significativement le taux de rénovation énergétique des logements. Parmi les mesures clés, on peut citer l’obligation d’amélioration des performances énergétiques des bâtiments existants aux moments charnières de la vie de ceux-ci (achat/vente, changement de locataire…), la mise en place d’un guichet unique permettant d’offrir un accompagnement global aux ménages dans le cadre de leur projet de rénovation, l’élaboration d’une "feuille de route rénovation" qui accompagne l’audit logement et qui synthétise les étapes de rénovation à suivre pour atteindre le label A, la mise en œuvre d’un "passeport bâtiment" qui rassemblera l’ensemble des informations disponibles pour un bâtiment, en ce compris l’énergie, et qui accompagnera le bâtiment tout au long de sa vie, et des mécanismes favorisant l’accès au crédit pour la rénovation profonde au plus grand nombre.


Le logement des ménages : source importante de gaz à effet de serre et de particules

L’énergie consommée par les ménages dans leur logement génère des émissions de gaz à effet de serre, responsables des changements climatiques, mais aussi de polluants atmosphériques tels que par exemple les particules, susceptibles de porter atteinte à la santé humaine.

Concernant les gaz à effet de serre, le secteur résidentiel était le 3ème secteur émetteur en 2019, avec 16 % des émissions wallonnes, après l’industrie et le transport routier. Les émissions de gaz à effet de serre du secteur résidentiel ont diminué de 11 % entre 2000 et 2019. Ceci s’explique par plusieurs facteurs comme par exemple la hausse de la consommation de bois (buches, pellets…) non comptabilisée comme source de gaz à effet de serre[2], l’amélioration significative des performances des chaudières qui a permis de générer plus de chaleur par unité d’énergie consommée et la meilleure isolation des bâtiments. La tendance globale à des hivers plus doux a en outre diminué les besoins de chauffage.

À côté des gaz à effet de serre, le secteur résidentiel se caractérise par une contribution importante aux émissions wallonnes de particules (PM10 et PM2,5, les premières englobant les PM2,5). Selon leur diamètre, ces particules sont susceptibles de pénétrer plus ou moins profondément dans l’appareil respiratoire et d’induire des effets nocifs pour la santé. À ce titre, les PM2,5 représentent la catégorie la plus problématique, étant donné leur capacité à atteindre les alvéoles pulmonaires. En 2019, le secteur résidentiel était le 2ème secteur émetteur de PM10 (29 % des émissions wallonnes) et le 1er émetteur de PM2,5 (45 %). Malgré l’utilisation croissante de bois de chauffage par les ménages, les émissions de particules du secteur ont diminué entre 2000 et 2019 (- 40 % pour les PM10 et - 41 % pour les PM2,5) grâce à l’utilisation d’appareils de chauffage plus performants et répondant à des normes d’émissions plus strictes, à l’utilisation accrue de chaudières bois qui émettent moins de particules que les poêles à bois et à l’utilisation croissante de pellets, dont la combustion émet moins de particules que les buches.

Il faut ajouter que la consommation d’énergie dans les logements génère d’autres types de polluants atmosphériques, tels que par exemple des composés organiques volatils non méthaniques (COVNM) (9 % des émissions wallonnes en 2019) et des oxydes d’azote (NOx) (6 % des émissions wallonnes). La contribution des ménages aux émissions totales de la Wallonie pour ces polluants est cependant moindre en comparaison avec celle d’autres secteurs tels que le transport routier et l’industrie pour les NOx ou l’utilisation de solvants et l’agriculture pour les COV.

L’Union européenne s’est fixé comme objectif contraignant la neutralité carbone à l’horizon 2050. En parallèle, le Gouvernement wallon a inscrit cette ambition dans sa Déclaration de politique régionale 2019 - 2024 : la neutralité carbone est visée au plus tard en 2050 avec, comme étape intermédiaire en 2030, un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % par rapport à 1990. Concernant les polluants atmosphériques et leur impact sur la qualité de l’air, la Wallonie ambitionne de tendre vers les valeurs guides de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce qui nécessite des réductions supplémentaires des émissions de polluants atmosphériques, dont les PM2,5. Les politiques wallonnes relatives au climat et à la qualité de l’air sont principalement mises en œuvre via le Plan air climat énergie (PACE), qui comprend l’ensemble des mesures devant permettre à la Wallonie de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques. Les mesures du PACE s’adressent aux différents secteurs d’activités (industrie, résidentiel, tertiaire, transports…), chaque secteur devant contribuer selon ses spécificités à l’atteinte des objectifs wallons. Les ménages sont donc directement concernés par les mesures, que ce soit dans le cadre de leur logement ou, comme exposé plus loin, dans le cadre de leurs déplacements. Dans le cadre du PACE 2030, en cours d’élaboration, les mesures envisagées pour les ménages et leur logement se basent sur la Stratégie wallonne à long terme de rénovation énergétique des bâtiments déjà évoquée. En outre, certaines mesures devraient viser spécifiquement la réduction des émissions de PM2,5, comme par exemple la diffusion de guides de bonnes pratiques pour le chauffage au bois ou l’octroi de primes pour remplacer les anciens foyers à buches.


La consommation d’eau du secteur des ménages est stable

Sur la période 2014 - 2018, les prélèvements en eau pour la distribution publique d’eau potable représentaient 22 % des prélèvements totaux en eau réalisés en Wallonie (soit 390 millions de m³). Une part importante des volumes d’eau de distribution produits en Wallonie n’était toutefois pas destinée aux ménages wallons, mais directement exportée vers les Régions flamande et bruxelloise (de l’ordre de 150 millions de m³). La consommation moyenne des ménages (y compris certaines activités professionnelles telles que commerces, HORECA…) s’élevait quant à elle à 65 m³ en 2019, soit une diminution de 16 % par rapport à 2004 (77 m³). Cette évolution s’explique essentiellement par l’information et la sensibilisation du public aux économies d’eau et par la généralisation des appareils plus économes en eau : lave-linge, douche économique ou WC à double chasse. La consommation en eau globale du secteur a toutefois peu diminué en raison de l’augmentation du nombre de ménages. Différents facteurs influencent le niveau de consommation. Citons ainsi la taille du ménage (plus la taille du ménage augmente, plus la consommation par personne diminue), les revenus (plus le niveau de vie est élevé, plus le taux d’équipement est grand et plus la consommation d’eau est importante) et la présence d’une citerne d’eau de pluie, qui diminue les prélèvements depuis le réseau. En ce qui concerne les usages faits par les ménages de l’eau de distribution, selon une étude réalisée en Flandre(a), les trois postes de consommation les plus importants sont l’hygiène personnelle (douche, bain, lavabo), les WC et la lessive (machine à laver et lessive à la main), qui représentent respectivement 37 %, 17 % et 14 % de la consommation.
 

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Les eaux usées issues des activités des ménages contiennent des microorganismes fécaux et divers contaminants (matières organiques, azote, phosphore, résidus de médicaments, pesticides…). Ces eaux doivent donc être traitées avant d’être déversées dans les cours d’eau. En Wallonie, il existe deux régimes d’assainissement des eaux usées : d’une part, un régime collectif, qui implique la collecte des eaux usées issues des ménages et des autres secteurs d’activités (tertiaire et certaines industries) via un réseau d’égouttage et le traitement de ces eaux dans des stations d’épuration publiques, et, d’autre part, un régime autonome, réservé aux zones faiblement peuplées, qui implique l’installation de systèmes d’épuration individuelle. En 2019, 87 % de la population wallonne se trouvait en zone d'assainissement collectif, sans pour autant être forcément raccordée à un système de traitement des eaux usées. Ainsi, la part de la population située en zone d’assainissement collectif bénéficiant effectivement d’un traitement de ses eaux usées s’élevait à environ 85 %. En termes de charges polluantes, les eaux usées issues des ménages représentaient 66 % de l’ensemble des charges polluantes soumises à l’épuration collective, le solde provenant des autres secteurs d’activités. La zone d’assainissement autonome concernait quant à elle 13 % de la population wallonne. Au sein de celle-ci, 19 % de la population disposait d’un système d’épuration individuelle déclaré, et 81 % soit n’avait pas de système d’épuration, soit ne l’avait pas déclaré.

Le manque d’équipements en matière d’assainissement a des impacts sur la qualité des eaux de surface. En 2015, sur les 352 masses d’eau de surface wallonnes, 134 étaient touchées par un manque d’équipements relatifs à l’assainissement collectif et 32 par un manque d’équipements relatifs à l’assainissement autonome. Même si dans la plupart des cas, plusieurs facteurs (comme p. ex. l’apport de pesticides agricoles via les eaux de ruissellement) interviennent simultanément et sont coresponsables de la non-atteinte des objectifs environnementaux, le manque d’équipements relatifs à l’assainissement était le seul facteur responsable pour 15 masses d’eau sur 134 en assainissement collectif et pour 1 masse d’eau sur 32 en assainissement autonome. La poursuite des efforts de la Wallonie en matière d’assainissement est donc nécessaire.


34 % des ménages utilisent des pesticides

Dans le cadre de la sphère domestique, les ménages ont recours à de nombreux produits susceptibles de porter atteinte à leur santé et/ou à l’environnement. C’est le cas des peintures, des laques, des vernis, des colles, des produits de nettoyage, des biocides (désinfectants, produits de protection du bois, anti-souris, sprays contre les insectes, colliers antiparasitaires…), des pesticides…

Concernant les pesticides, même si la plus grande part des quantités vendues peut être attribuée aux utilisateurs professionnels (agriculteurs, entrepreneurs de parcs et jardins, gestionnaires du réseau ferroviaire…), les ménages en consomment également. Ainsi, en 2017, sur les 6 398 tonnes de substances actives de pesticides vendues en Belgique, 4 % (soit 269 tonnes) était destiné aux ménages et 96 % aux utilisateurs professionnels(b). Outre le fait qu’ils peuvent porter atteinte à la santé des utilisateurs et à l’environnement, il faut relever que les usages amateurs de pesticides sont souvent inopportuns (manque d’information quant aux alternatives, application non conforme…). Selon une enquête menée auprès des ménages wallons(c), en 2019, 34 % des ménages utilisaient des pesticides pour l’entretien de leur jardin (soit seuls, soit en parallèle avec des méthodes alternatives). Les méthodes alternatives étaient quant à elles privilégiées par 25 % des ménages. Les ménages sont en général conscients des risques encourus par la manipulation des pesticides et, à ce titre, ont recours à des mesures de protection : 69 % des utilisateurs portent des gants, 25 % des bottes, 18 % des lunettes de protection et 21 % un masque. Toutefois, très peu de ménages ont en réalité recours à du matériel de protection adéquat et donc efficace : seuls 17 % des ménages portent des gants conformes et 5 % un masque conforme. Par ailleurs, les filières de gestion des déchets liés aux pesticides sont trop peu utilisées par le grand public, puisque seuls 59 % des ménages déposent leurs emballages vides et/ou leurs restes de produits au recyparc. Un travail de sensibilisation est donc nécessaire, de même que des mesures pour encadrer l’utilisation des pesticides par les ménages. Ce sont précisément des volets du Programme wallon de réduction des pesticides 2018 - 2022, qui vise à parvenir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable. Notons que pour certains pesticides, comme le glyphosate par exemple (65 tonnes vendues aux ménages belges en 2017(b)), les mesures prises vont jusqu’à l’interdiction de vente et d’utilisation par les ménages.


Plus d’une demi-tonne de déchets par habitant, un chiffre qui évolue peu

Les Wallons ont généré en moyenne 518 kg de déchets par habitant en 2018, un niveau inférieur à la moyenne européenne. Cette quantité est stable depuis une dizaine d’années. Certaines évolutions sont néanmoins constatées, dont une baisse des quantités d’ordures ménagères brutes (les poubelles "tout-venant", non triées) au profit de flux de déchets triés via des collectes sélectives organisées en porte-à-porte (déchets organiques, PMC...), en points d’apport volontaire (verre…) ou en recyparcs (bois, déchets d’équipements électriques ou électroniques...). Cette évolution est positive car une meilleure distinction des flux de déchets permet une meilleure prise en charge et donc une meilleure valorisation. En 2017, plus de la moitié des déchets ménagers étaient dirigés pour recyclage vers des centres de valorisation de matières (p. ex. déchets inertes, déchets de papiers et cartons, utilisés en remplacement d’autres matières ou substances) ou vers des centres de valorisation organique (compostage ou biométhanisation). Le solde était valorisé énergétiquement (43 %) ou éliminé par incinération sans récupération d’énergie (2 %) ou par mise en centre d’enfouissement technique (2 %).

Le Plan wallon des déchets-ressources, adopté par le Gouvernement wallon en 2018, inclut de nombreuses mesures à destination des ménages. Celles-ci concernent à la fois la prévention (limiter la quantité de déchets générés et/ou leur impact potentiel sur l’environnement et la santé humaine) et la gestion des déchets. Citons ainsi la généralisation de la collecte sélective des déchets organiques, la promotion de la réutilisation et du recyclage et la lutte contre le gaspillage alimentaire. Celui-ci était estimé à plus de 15 kg par habitant et par an dans les dernières enquêtes réalisées (2017 - 2018).
 

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La voiture individuelle reste le premier moyen de transport des ménages

La voiture est le mode de transport privilégié des ménages wallons. D’après une enquête du SPF Mobilité et Transports(d), en 2017, 73 % des déplacements des Wallons étaient effectués en voiture, 4 % en train, 6 % en bus/tram/métro, 2 % à vélo et 13 % à pied. Les habitudes de mobilité différaient entre les régions du pays, les Wallons ayant davantage recours à leur voiture que les Flamands (59 % des déplacements en Flandre), et cela au détriment du vélo (18 % des déplacements en Flandre). En ce qui concerne les déplacements domicile-travail, particulièrement importants car ils structurent la chaine de déplacements, un constat similaire pouvait être dressé. La voiture (seule ou en covoiturage) était le principal mode de transport utilisé pour se rendre au travail, et ce particulièrement en Wallonie (86 % des déplacements y étaient effectués en voiture, contre 70 % en Flandre). Le train représentait quant à lui 4 % des déplacements, le bus/tram/métro 4 %, le vélo 1,6 % et la marche 2,8 %(e).

Si l’on s’intéresse au nombre de voitures immatriculées en Wallonie, on en dénombrait en 2020 un peu plus de 1,8 millions, ce qui représentait une croissance de 27 % en deux décennies. La croissance du nombre de voitures était par ailleurs supérieure aussi bien à la hausse de la population qu’à la hausse du nombre de ménages sur la même période, ce qui se reflète par une augmentation du taux de motorisation des ménages au cours du temps, de 1,03 voiture en moyenne par ménage wallon en 2000 à 1,14 voiture par ménage en 2020.

En termes de type de motorisation, en 2020, les voitures roulant au diesel représentaient 50 % du parc de voitures (contre 37 % en 2000), tandis que celles roulant à l’essence représentaient 47 % du parc (contre 61 % en 2000). La croissance du parc roulant au diesel, observée depuis les années '90, s’est arrêtée en 2014 au profit des voitures roulant à l’essence. Il s’agit d’une évolution qui a notamment été favorisée par la réforme des accises, instaurée en partie pour des motifs environnementaux. En effet, bien qu’à puissance équivalente les moteurs diesel rejettent généralement moins de CO2 par km que les moteurs à essence, ils émettent davantage de particules et de NOx. Ceci explique pourquoi les normes sur l’âge des véhicules diesel autorisés dans certaines grandes villes sont plus strictes que pour les véhicules essence. Les voitures hybrides constituaient quant à elles une part négligeable du parc de voitures (1,6 % en 2020, soit 29 566 voitures), mais en progression rapide (+ 35 % depuis 2019). Un constat similaire pouvait être dressé pour les voitures électriques (0,2 % en 2020, soit 3 707 voitures, + 55 % depuis 2019). Il faut noter que même si les voitures électriques n’émettent pas de CO2 lors de leur utilisation, leur impact environnemental n’est pour autant pas nul : leur production implique la consommation de matériaux, dont des métaux rares, et des émissions atmosphériques, tandis que l’électricité nécessaire à leur fonctionnement peut être produite à partir de sources non renouvelables, avec émissions de CO2.

En termes de consommation d’énergie, en 2018, un ménage wallon consommait en moyenne 8 MWh pour ses déplacements, une quantité relativement stable ces dernières années et qui vient s’ajouter à sa consommation d’énergie pour le logement (en moyenne 22 MWh par ménage). Il en va de même pour les émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques liées au transport des ménages, qui viennent s’ajouter aux émissions liées au logement. Il faut noter qu’il n’existe actuellement pas de données relatives à la part spécifique des ménages dans les émissions wallonnes de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques liées au transport. Si l’on prend en compte l’ensemble du secteur du transport routier (y compris les camions), il était toutefois le 2ème secteur émetteur de gaz à effet de serre en Wallonie en 2019 (24 % des émissions wallonnes), en progression de 33 % par rapport à 1990.

Au vu de ces évolutions, des changements majeurs dans les habitudes de transport des ménages seront nécessaires, et ce d’autant plus qu’à politique inchangée, les projections prévoient une répartition des modes de transport proche de la répartition actuelle, c’est-à-dire une prédominance de la voiture pour les déplacements de personnes. C’est pour répondre à ces défis que différentes priorités ont été fixées dans la Vision FAST 2030 (adoptée en 2017) et la Stratégie régionale de mobilité qui l’opérationnalise. Elles mettent l’accent d’une part sur le transfert modal, avec une réduction significative de la part de la voiture au profit de la marche, du vélo, du bus et du train et, d’autre part, sur la réduction de la demande en transport. Par ailleurs, dans sa Déclaration de politique régionale 2019 - 2024, le Gouvernement wallon a fixé de nouveaux objectifs climatiques à l’horizon 2030 (voir plus haut). Pour les atteindre, la Vision FAST 2030 et la Stratégie régionale de mobilité devront être renforcées. Différentes pistes sont ainsi mises en avant par le Gouvernement wallon. Parmi celles-ci, on peut citer des investissements massifs dans les transports publics (extension du réseau, élargissement des horaires, gratuité des transports en commun pour certaines catégories de population, aménagement de voiries pour donner la priorité aux bus…), la mise en place d’une stratégie de développement de l’usage du vélo comme moyen de déplacement quotidien, avec notamment une extension des itinéraires cyclables régionaux (2 274 km d’aménagements cyclables sur le réseau régional en 2021, auquel il faut ajouter un peu plus de 1 440 km de réseau autonome des voies lentes - RAVeL) et une politique d’aménagement du territoire plus rationnelle, qui permette de diminuer les besoins de mobilité (p. ex. choix d’implantation des équipements publics et des logements dans ou à proximité des noyaux d’habitation existants).


Les ménages achètent de plus en plus de produits bio

Les pratiques alimentaires des ménages exercent des pressions sur l’environnement. Celles-ci proviennent en grande partie de la production agricole (élevage et culture), mais pas seulement. Les différentes étapes de la filière alimentaire située en aval – transformation, conservation, transport, conditionnement, distribution et préparation des aliments – génèrent elles aussi des pressions environnementales (émissions atmosphériques, rejets d’eaux usées, génération de déchets…). À l’échelle du consommateur, différentes pistes existent pour réduire ces pressions. Parmi celles-ci, on peut citer l’achat de produits issus de l’agriculture bio, l’adoption de régimes alimentaires en phase avec les saisons, la réduction de la consommation de boissons conditionnées (eau en bouteille p. ex.) et de produits suremballés, la réduction de la consommation de viande, l’approvisionnement en circuits courts[3], la réduction du gaspillage alimentaire...

Concernant plus précisément l’agriculture bio, il s’agit d’un mode de production alimentaire encadré par des règles relativement strictes, fixées dans la législation européenne. Les produits bio sont ainsi élaborés à partir de modes de production respectueux de l’environnement et du bien-être animal, et ils répondent à la demande d’un nombre croissant de consommateurs désireux de se procurer des aliments sains et de qualité (goût, absence de résidus de pesticides…). Il faut cependant souligner que la labellisation bio n’est pas nécessairement synonyme de durabilité. En effet, l’importation de produits bio en provenance d’autres pays européens, voire non européens, peut hypothéquer une partie des gains environnementaux par les effets néfastes du transport longue distance.

Le marché du bio en Wallonie est en pleine progression depuis une dizaine d’années. Selon les enquêtes de consommation de GfK, en 2020, les dépenses des ménages wallons pour les produits alimentaires bio représentaient 4,9 % de leurs dépenses alimentaires totales, alors qu’elles ne représentaient que 1,7 % en 2010. Les parts de marché des différentes catégories de produits bio variaient cependant beaucoup d’un produit à l’autre. Globalement, elles étaient toutes en progression. En 2020, 23 % des ventes d’œufs correspondaient à des œufs bio, la part de marché des fruits frais atteignait quant à elle 12 %, de même que celle des légumes frais, tandis que celle des produits laitiers et des viandes bio s’élevaient respectivement à 6 % et 2 %. En termes de comportement d’achat, il faut noter que l’achat de produits alimentaires bio était surtout le fait d’un nombre restreint de "grands consommateurs", puisque 80 % des dépenses étaient effectuées par les 20 % des ménages consommant le plus d’aliments bio. L’analyse du profil des consommateurs révèle ainsi que le marché du bio est entraîné par les ménages de petite taille (de 1 à 2 personnes), les ménages au sein desquels le responsable des achats est âgé de plus de 50 ans et les ménages de catégories socioéconomiques plus élevées. Des différences de prix, plus ou moins marquées selon les produits, persistent entre les produits bio et les produits conventionnels équivalents. Pour des produits tels que les œufs, le lait et les pommes de terre, les écarts ont diminué depuis 2010, alors que la tendance inverse s’observe pour les viandes et les fromages à pâte dure et semi-dure. Ces différences de prix représentent un frein pour de nombreux ménages.

Le Plan stratégique pour le développement de l’agriculture biologique à l’horizon 2020 fixait comme objectif une part de marché des aliments bio dans les dépenses alimentaires des ménages wallons de 6 % pour une liste de 13 catégories de produits (viandes, œufs, légumes frais…). Cet objectif a été atteint (6,2 % en 2020). La part de marché tous produits confondus représentait quant à elle 4,9 %. De nouveaux objectifs plus ambitieux sont définis dans le Plan de développement de la production biologique en Wallonie à l’horizon 2030 (adopté en 2021) : une part de marché des aliments bio de 14,9 % pour le total et de 18,7 % pour 13 catégories de produits.
 

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Les défis de demain pour les ménages : consommer moins et consommer autrement

Le secteur des ménages se caractérise par des performances environnementales mitigées. Même si des signes d’amélioration sont visibles (performances énergétiques des nouveaux logements et consommation d’aliments bio p. ex.), dans de nombreux domaines, les améliorations peinent à prendre de l’ampleur (consommation en sol et utilisation responsable de pesticides p. ex.) ou n’existent pas (génération de déchets ménagers p. ex.), voire des détériorations sont observées (utilisation croissante de moyens de transport impactants d’un point de vue environnemental p. ex.).

D’un point de vue global, les modes actuels de consommation ne sont pas durables. Le chemin pour inscrire les ménages dans une dynamique de consommation durable est encore long. Il passera inévitablement par des changements drastiques dans la vie quotidienne et dans les habitudes de consommation des ménages. Certaines contradictions agissent cependant comme des freins puissants vis-à-vis des changements attendus(g). Parmi celles-ci, on peut en relever trois :

  • les ménages sont encouragés à consommer toujours davantage pour soutenir la croissance économique. Dans ce contexte, les discours et programmes d’action mettent l’accent sur la modification des choix de consommation ("consommer autrement") plutôt que sur une réduction de la consommation ("consommer moins") ;

  • à l’échelle européenne, même s’il existe des initiatives dans le domaine (économie circulaire, p. ex.), il n’y a pas de véritable politique en matière de consommation durable[4];

  • les instruments actuellement privilégiés par les pouvoirs publics pour agir sur le comportement des ménages sont essentiellement ceux qui relèvent de l’information et de la sensibilisation des consommateurs. Ce choix est vraisemblablement lié au fait qu’ils sont plus faciles à mettre en place que d’autres types d’instruments tels que les instruments règlementaires ou économiques. Or il semblerait que l’impact de ce type d’instruments soit faible. En effet, le modèle classique d’un consommateur rationnel qui, correctement informé, peut changer ses habitudes, ne fonctionne pas bien, et ce notamment parce que les choix de consommation résultent d’une dynamique complexe sous la dépendance de nombreux facteurs (sociaux, psychologiques, économiques, structurels, situationnels…).

Les défis sont donc nombreux. Pour agir sur le comportement des ménages et développer une consommation durable, les pouvoirs publics devront vraisemblablement associer plusieurs types d’instruments (règlementaires, économiques et culturels), afin que le message transmis aux ménages sur le sens et l’ampleur des changements nécessaires soit cohérent. La consommation ne pourra toutefois être réellement durable que si l’ensemble des étapes qui la précèdent le sont. À côté des ménages, toute une série d’acteurs (secteurs de la production, de la transformation, du transport…) seront donc eux aussi amenés à consentir des efforts importants.

 


[1] La neutralité carbone implique une baisse radicale des émissions anthropiques de gaz à effet de serre et la compensation des émissions résiduelles par des absorptions notamment en développant des solutions de stockage.

[2] La combustion de la biomasse est source d’émissions de CO2, bien que ces dernières ne soient pas prises en compte pour l’atteinte des objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Les méthodologies internationales (Kyoto, Accords de Paris…) considèrent en effet que, sur l’ensemble du cycle, le stockage de CO2 lors du renouvellement de la biomasse compense le CO2 émis lors de sa combustion.

[3] En termes d’impact sur l’environnement, la diversité des circuits courts de proximité ne permet pas d’affirmer qu’ils présentent systématiquement un meilleur bilan environnemental que les circuits longs, notamment en matière de consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre. En effet, les modes et pratiques de production sont beaucoup plus déterminants en matière de bilan environnemental que le mode de distribution, notamment pour les fruits et légumes (culture de produits de saison). Par ailleurs, plus de proximité ne signifie pas nécessairement moins d’émissions de gaz à effet de serre si les moyens de transports utilisés sont inadaptés, si la logistique est insuffisamment optimisée ou si le comportement du consommateur est inadéquat(f).

[4] En 2020, le Comité économique et social européen (organe composé de représentants des employeurs, des travailleurs et des autres acteurs de la société civile européenne, exerçant une fonction consultative auprès des institutions européennes) a publié un avis d’initiative dans lequel il demande explicitement à l’Union européenne d’élaborer une véritable stratégie exhaustive pour une consommation durable(h).

 

Références

(a) VMM, 2018. Watergebruik door huishoudens. Het watergebruik in 2016 bij de Vlaming thuis. VMM : Aalst, Belgique. q

(b) CORDER - CRP, 2020. Estimation quantitative des utilisations de produits phytopharmaceutiques par les différents secteurs d’activité. Rapport final. Étude réalisée pour le compte du SPW Environnement - DEMNA & DEE. q

(c) IPSOS, 2019. Utilisation des produits phytopharmaceutiques par les ménages wallons. Rapport final. Enquête réalisée pour le compte du SPW ARNE - DEMNA & DEE. q 

(d) SPF Mobilité et Transports, 2019. Enquête MONITOR sur la mobilité des Belges. SPF Mobilité et Transports : Bruxelles, Belgique. q 

(e) SPF Mobilité et Transports, 2019. Diagnostic fédéral sur les déplacements domicile-travail 2017. SPF Mobilité et Transports : Bruxelles, Belgique. q

(f) ADEME, 2017. Alimentation - Les circuits courts de proximité. Expertises, 6. q

(g) À partir de BELSPO & CRIOC, 2007. Consommation durable. Quel rôle pour le consommateur ? BELSPO : Bruxelles, Belgique. q 

(h) CESE, 2020. Vers une stratégie de l’Union européenne pour une consommation durable. Avis d’initiative. q 

Sources

AQUAWAL ; BFP ; SPF Finances - AGDP (base de données Bodem-Sol) ; SPGE ; SPW - AwAC ; SPW Énergie - DEBD ; SPW Environnement - DEMNA (enquêtes annuelles GfK) ; SPW Environnement - DEMNA & DEE ; SPW Environnement - DSD ; Statbel (SPF Économie - DG Statistique)
 

Remerciements

Pierre ARNOLD (SPW Mobilité et Infrastructures - DSMI) ; Claire CHALON (SPW Environnement - DSD) ; Julien CHARLIER (IWEPS) ; Benoît FOUREZ (SPW Énergie - DEBD) ; Monique GLINEUR (SPW Énergie - DEBD) ; Denis GODEAUX (SPW Environnement - DEE) ; André GUNS (SPW - AwAC) ; Isabelle HIGUET (SPW - AwAC) ; Julien JUPRELLE (IWEPS) ; Hugues NOLLEVAUX (SPW Énergie - DEBD) ; Cédric PREVEDELLO (AQUAWAL) ; Edwin ZACCAI (ULB - IGEAT)