Agriculture

 

Les liens entre l'agriculture et l'environnement sont directs et complexes. Ils sont directs parce que l'agriculture repose sur une optimisation, à des fins productives, de processus naturellement en jeu dans le fonctionnement des écosystèmes terrestres. Ils sont complexes parce qu'à côté des dégradations qu'elle entraine pour les sols, les eaux ou la biodiversité, l'agriculture joue un rôle important dans la conservation de milieux ouverts et d'habitats nécessaires à la survie de nombreuses espèces végétales et animales. De plus, l'agriculture n'est pas monolithique : si les modes de production intensifs dominent encore aujourd'hui en Wallonie comme dans tous les pays industrialisés, d'autres formes d'agriculture moins impactantes pour l'environnement rencontrent un succès croissant. Celles-ci peuvent contribuer davantage à des fonctions non productives telles que le stockage de carbone ou la préservation de la biodiversité. Avec une occupation de 44 % du territoire wallon, le secteur agricole, ses modes de production et leurs évolutions ont un rôle important à jouer dans l'amélioration de toutes les composantes de l'environnement.
 

Le secteur agricole wallon en quelques données clés

Une évolution au cœur d'enjeux socioéconomiques et environnementaux

Pendant plusieurs siècles, l’agriculture extensive a permis le développement de milieux et de paysages ruraux diversifiés abritant une faune et une flore spécifiques. À partir des années '60, l’intensification et la spécialisation de la production agricole ont entraîné une croissance spectaculaire de la productivité, avec des conséquences positives sur le plan socioéconomique : de meilleures conditions de vie pour les agriculteurs, une stabilisation des marchés, des produits alimentaires disponibles et accessibles à bas prix pour les consommateurs. Cette évolution, favorisée par la sélection génétique, les progrès technologiques et les premières orientations de la Politique agricole commune (PAC) de l'Union européenne, s'est cependant faite au prix de fortes pressions sur l’environnement. Le recul progressif des fermes traditionnelles (polyculture et élevage) au profit d’exploitations spécialisées, la simplification des rotations culturales, l’augmentation de la taille des parcelles cultivées, l’utilisation d’intrants (engrais, pesticides, aliments importés pour le bétail) et la mécanisation des pratiques agricoles ont entrainé des problèmes d’érosion, de compaction et de pollution du sol, de l’eau et de l’air, une fragmentation des habitats pour la faune sauvage et la disparition de milieux riches en biodiversité. À partir des années '90, sous l’impulsion des réformes successives de la PAC et du développement de la législation européenne en matière d'environnement, ces pressions ont été progressivement prises en compte à côté des impératifs de rentabilité économique des exploitations. Aujourd'hui, elles restent toutefois élevées et la viabilité économique des exploitations n'est pas toujours garantie (faible revenu du travail, forte dépendance aux intrants p. ex.). À cela s'ajoute la réalité des changements climatiques, auxquels le secteur à la fois contribue (émissions de gaz à effet de serre), doit s'adapter (sécheresses saisonnières) et apporte certaines solutions (stockage de carbone, production d'agrocarburants).

Une large part du territoire dédiée à l'agriculture

La superficie agricole utilisée (SAU), soit la somme des superficies affectées à une production agricole professionnelle[1], s'élevait en Wallonie à 733 715 ha en 2019, ce qui représentait 44 % du territoire, faisant du secteur agricole un acteur clé dans la gestion de l'espace rural. Le nombre d'exploitations agricoles s'élevait à 12 733 la même année. Le secteur employait 22 473 personnes en 2016, date des dernières données disponibles. En 30 ans, l'évolution du secteur a été marquée par :

  • une forte baisse du nombre d'exploitations (- 56 % entre 1990 et 2019) ;

  • une forte augmentation de leur taille, la superficie moyenne par exploitation ayant plus que doublé (58 ha en 2019 contre 26 ha en 1990), tout comme le nombre de têtes par exploitation d'élevage bovin (139 têtes en 2018 contre 66 têtes en 1990) ;

  • une forte baisse du nombre de travailleurs (- 51 % entre 1990 et 2016), le nombre de travailleurs par exploitation ayant quant à lui légèrement augmenté (1,75 personne/exploitation en 2016 contre 1,58 personne/exploitation en 1990).

Ces évolutions sont en lien avec l'évolution des techniques et des modes de production évoqués plus haut.

Du point de vue des orientations technico-économiques (OTE), qui classent les exploitations selon leurs activités principales, les exploitations wallonnes appartenaient essentiellement aux grandes catégories suivantes en 2016 : grandes cultures (32 %), viande bovine (20 %), lait et viande bovine (14 %), lait (13 %), grandes cultures et herbivores (12 %). La distribution des OTE sur le territoire est liée notamment aux aptitudes agronomiques des sols. Les exploitations du nord de la Wallonie (Région limoneuse, Région sablo-limoneuse et Condroz, voir carte ci-après) sont principalement orientées vers les cultures arables. Au nord-est (Région herbagère et Haute Ardenne), les exploitations sont spécialisées en production laitière. Au sud (Famenne, Ardenne, Région jurassique), elles sont orientées principalement vers la production de viande bovine. À noter que les élevages hors-sol de porcs et de volailles sont marginaux par rapport aux élevages bovins en Wallonie. Ils représentaient 1 % des OTE pour les porcs et 1 % pour les volailles en 2016.

PHYS5 - Régions agricoles.jpg

Régions agricoles de Wallonie

Productions végétales et animales : aperçu des spécificités wallonnes

D’une manière générale, l’agriculture wallonne se caractérise par des productions de grandes cultures, en particulier des céréales (froment, escourgeon…) et des plantes pour l'industrie (pommes de terre, betteraves sucrières, colza, lin, chicorée…), de cultures fourragères destinées à l'alimentation du bétail (maïs fourrager, prairies temporaires[2]…) ainsi que par des productions animales essentiellement bovines (viande, lait) liées au sol (alimentation par pâturage en prairies permanentes[3] et cultures fourragères).

En 2019, les cultures arables couvraient 58 % de la SAU wallonne et les prairies permanentes 42 %, les autres cultures (vergers, pépinières, serres…) restant marginales à l'échelle régionale (< 1 %). Les cultures arables occupent surtout le nord de la Wallonie, les prairies permanentes prédominent au sud et à l'est. Les cultures arables comprennent :

  • les grandes cultures, où le froment dominait en 2019 (17 % de la SAU wallonne), suivi dans des proportions assez proches des pommes de terre (6 %), des betteraves sucrières (5 %) et de l'escourgeon (4 %) ;

  • les cultures fourragères, dont essentiellement le maïs fourrager (7 % de la SAU wallonne) et les prairies temporaires (5 %).

L'évolution sur la période 1990 - 2019 de la superficie des principales productions végétales est particulièrement notable pour (i) les prairies permanentes, dont la superficie a baissé de 15 %, (ii) les betteraves sucrières, dont la superficie a baissé de 44 %, (iii) les pommes de terre, dont la superficie a augmenté de 252 %. En ce qui concerne la production de légumes de plein air en rotation (essentiellement petits pois, haricots verts, carottes, oignons, chicons ; 2,5 % de la SAU en 2019), la superficie dédiée a été doublée en moins de dix ans. La production de plus de 80 % des surfaces allouées aux pommes de terre et aux légumes de plein air est destinée à l’industrie de la transformation. L'ensemble de ces tendances est essentiellement lié à l'évolution de la demande et des prix des productions agricoles.

Les proportions de SAU affectées aux différentes cultures et leur évolution dans le temps ont des conséquences du point de vue environnemental car les cultures ne se valent pas en termes d'impacts potentiels. Ces impacts, qui varient en fonction de divers facteurs abordés plus loin (risque d'érosion, lessivage d'azote, apport de pesticides…), augmentent globalement selon l'ordre suivant : prairies permanentes, prairies temporaires, céréales d’hiver (froment d'hiver, escourgeon…), céréales de printemps (orge de printemps, avoine…), betteraves, maïs et pommes de terre. Si l'on peut affirmer, par exemple, que la baisse de SAU des prairies permanentes et la hausse de SAU des pommes de terre ces 30 dernières années sont défavorables du point de vue environnemental, on peut cependant difficilement interpréter globalement en termes d'impacts les évolutions observées pour l'ensemble des cultures.

Côté cheptels, en 2018, 81 % des animaux d’élevage recensés en Wallonie étaient des poulets et poules (7 100 000 animaux), 11 % étaient des bovins hors vaches laitières (925 000 animaux), 2 % des vaches laitières (189 000 animaux) et 4 % des porcins (377 000 animaux) (2018). Le cheptel de poulets et poules a été multiplié par 6 entre 1990 et 2018, résultat, d'une part, d'une volonté de diversification de la part des producteurs wallons et d'investissements d'entrepreneurs flamands limités par le développement d'élevages hors sols en Flandre (contraintes d'épandage du lisier) et, d'autre part, d'une demande accrue des consommateurs pour des viandes blanches. Le cheptel bovin a quant à lui baissé de 26 % entre 2001 et 2018 en raison de divers facteurs. Pour les vaches laitières, il s'agit des quotas laitiers, de la hausse de productivité des animaux et des incertitudes sur le marché du lait, tandis que pour les bovins non laitiers on peut citer la crise de la vache folle, qui a entrainé un report de la consommation de viande bovine sur d'autres productions, et l'évolution des habitudes alimentaires. Entre 1990 et 2018, le cheptel porcin a globalement augmenté (+ 24 %).

Afin de comparer les cheptels entre eux du point de vue de certaines pressions exercées sur l’environnement (consommation de ressources, production d'azote par les déjections), la notion d’unités gros bétail (UGB) peut être utilisée. Les UGB se calculent en multipliant le nombre d’animaux par cheptel par un coefficient spécifique au type d'animal. En Wallonie, en 2018, c’est le cheptel bovin qui exerçait la pression environnementale la plus importante, totalisant 80 % des UGB de tous les animaux d'élevage recensés. Venaient ensuite le cheptel porcin avec 10 % des UGB et les poulets et poules avec 6 % des UGB.

Poids économique faible, aides publiques fortes

Sur le plan macroéconomique, le secteur de l'agriculture a contribué à 0,6 % du PIB wallon en 2018. Cette contribution atteignait 2,6 % en tenant compte du secteur agroalimentaire, souvent assez peu dépendant des productions locales.

Le secteur est fortement soutenu par des aides publiques, essentiellement via la PAC. Historiquement, ces aides ont d'abord soutenu la production et les prix, puis le revenu des agriculteurs. Sur la période 2014 - 2018, les aides de la PAC (1er et 2ème piliers, voir plus loin) représentaient en moyenne 126 % du revenu du travail exprimé par unité de travail (travail effectué par une personne occupée à temps plein dans une exploitation agricole). Ceci signifie que, en moyenne sur cette période, les aides de la PAC ont permis de couvrir la totalité du revenu de l'agriculteur (100 % du revenu du travail par unité de travail) mais également une partie des charges (équivalente à 26 % du revenu du travail par unité de travail), la vente des productions de l'exploitation ne permettant pas à elle seule de couvrir ces deux postes.
 

Pulvérisation sur céréales_Libre de droit.2.jpg


Bref état des lieux des pressions et des impacts de l'agriculture sur l'environnement

Une agriculture majoritairement intensive

Les pressions de l'agriculture sur l'environnement sont fonction des modes de production, en particulier de leur caractère plus ou moins intensif : elles sont d'autant plus fortes que l'on cherche à maximiser la productivité en choisissant des variétés ou espèces à haut rendement, en simplifiant les pratiques (rotations culturales courtes, monocultures, élevages industriels à forte densité d'animaux génétiquement proches) et en augmentant l'utilisation de certains intrants (engrais et pesticides en production végétale, antibiotiques en production animale p. ex.). Sous cet angle, les modes de production peuvent être classés par niveaux de pressions croissants : agriculture extensive, bio, bio intensive, conventionnelle et conventionnelle intensive. Même si la situation évolue progressivement, notamment grâce à divers outils législatifs et au développement de l'agriculture bio, l'agriculture wallonne reste aujourd'hui largement conventionnelle et intensive. À titre illustratif, la consommation d'engrais azotés minéraux s'élevait en 2017 à 96,4 kg de N/ha de SAU en Wallonie contre 64,9 kg de N/ha de SAU pour l'UE-28. En ce qui concerne les pesticides, avec 4,5 kg de substances actives par hectare de SAU en 2019, la Belgique[4] faisait partie des pays européens dont les ventes de pesticides par hectare de SAU étaient les plus élevées.

Consommation de ressources

En tant qu'activité du secteur primaire, l'agriculture est consommatrice de ressources naturelles comme les sols, l'eau, l'énergie solaire pour la photosynthèse… ou légèrement transformées comme les amendements et engrais, les aliments pour le bétail, pour citer les plus essentiels. Ces consommations ne font quantitativement pression sur les ressources, en tant que stocks non renouvelables, que dans certains cas particuliers comme celui des phosphates issus de gisements miniers (engrais phosphatés), dont les réserves mondiales exploitables sont limitées.

Dans le cas de l'eau, des problèmes pourraient survenir à l'avenir si la fréquence et la sévérité des épisodes de sécheresse saisonnière augmentaient, mais aujourd'hui les ressources ne sont pas, du point de vue quantitatif, impactées par l'agriculture.

À noter que la consommation énergétique de l'agriculture est faible par rapport à celle des autres secteurs (1 259 GWh en 2018, soit environ 1 % de la consommation finale d'énergie en Wallonie), même si l'on tient compte de la consommation de méthane pour la production des engrais azotés (de l'ordre de 1 000 GWh/an). L'agriculture est par ailleurs elle-même productrice de sources d'énergie (agrocarburants notamment)

De fortes émissions d'ammoniac

En 2019, l'agriculture contribuait pour 12 % aux émissions wallonnes de gaz à effet de serre, responsables des changements climatiques. Cette contribution est liée essentiellement aux émissions de protoxyde d'azote (N2O) et de méthane (CH4), dont respectivement 82 % et 77 % des émissions wallonnes sont imputables à l'agriculture. La contribution du secteur aux émissions de dioxyde de carbone (CO2) ne s'élève qu'à 1 %. Le N2O, le CH4 et le CO2 ne sont pas équivalents du point de vue de leurs effets sur le climat : le potentiel de réchauffement global de 1 kg de N2O est 298 fois supérieur à celui de 1 kg de CO2 tandis que le potentiel de réchauffement global de 1 kg de CH4 est 25 fois supérieur à celui de 1 kg de CO2. Ces différences sont prises en compte par une conversion des quantités émises de chaque gaz en "équivalent-CO2". Les émissions agricoles de N2O interviennent directement après les épandages de fertilisants azotés (engrais minéraux, effluents d'élevage également appelés engrais de ferme) ou proviennent de phénomènes de nitrification/dénitrification par les microorganismes dans les sols cultivés, la dénitrification étant favorisée dans les sols compacts ou saturés en eau, pauvres en oxygène. Les émissions de CH4 sont surtout liées à l'élevage (fermentation entérique et gestion des déjections). Les émissions de CO2 sont dues essentiellement à la consommation d'énergies fossiles des engins agricoles et bâtiments. Sur la période 1990 - 2019, les émissions de gaz à effet de serre par le secteur agricole ont baissé de 16 %, essentiellement grâce à la diminution du cheptel bovin[5] et à une meilleure gestion des effluents d'élevage dans une moindre mesure.

Concernant les polluants atmosphériques susceptibles d'impacter directement ou indirectement la santé, l'agriculture était en 2019 à l'origine de :

  • 92 % des émissions wallonnes d'ammoniac (NH3), précurseur de particules fines (PM2,5) et polluant acidifiant et eutrophisant, c’est-à-dire dommageable par apport excessif de nutriments qui nuit en particulier aux milieux pauvres (landes, tourbières…) et à la flore et la faune spécifiques de ces milieux. Le NH3 se volatilise à partir des déjections animales et lors de la manipulation/l’utilisation de celles-ci (des bâtiments d'élevage à l'épandage). Il provient de la fertilisation minérale dans une moindre mesure ;

  • 31 % des émissions wallonnes de composés organiques volatils non méthaniques (COVNM), précurseurs de particules fines (PM2,5) et d’ozone. Ces émissions proviennent surtout de la gestion des effluents d'élevage et dans une moindre mesure des cultures et prairies (substances émises par les végétaux comme les terpènes p. ex.) et de l'activité microbienne des sols (méthanol p. ex.) accentuée par la fertilisation dans certaines conditions ;

  • 14 % des émissions wallonnes d'oxydes d'azote (NOx, soit NO et NO2), polluants eutrophisants, précurseurs de particules fines (PM2,5) et d’ozone. Les NOx d'origine agricole proviennent des sols enrichis en azote (engrais minéraux, engrais de ferme) et de la consommation d'énergie fossile par les engins agricoles et bâtiments ;

  • 14 % des émissions wallonnes de particules (PM10). Ces particules proviennent des cultures (travail du sol, récolte, gestion des résidus de récolte) et des bâtiments d'élevage.

Les émissions de ces polluants par le secteur agricole sont restées relativement stables depuis 1990. À noter que les émissions de pesticides ne sont pas quantifiées. Néanmoins, leur présence dans l’air est avérée en Wallonie comme dans d'autres pays européens.

Des engrais et pesticides qui impactent les eaux

Les activités agricoles exercent également des pressions sur les eaux de surface et souterraines, susceptibles de porter atteinte à leur qualité. Ces pressions sont essentiellement liées :

  • à l'apport aux sols de pesticides et de fertilisants (engrais minéraux, engrais de ferme), dont une partie gagne les eaux de surface via les eaux de ruissellement et/ou les particules de sols érodées, et les eaux souterraines via les eaux qui s'infiltrent dans les sols. À noter que la consommation de pesticides et de fertilisants sur les dix dernières années ne montre pas de tendance à la baisse ;

  • à l'érosion des sols par les eaux pluviales, qui aboutit à une augmentation des teneurs en matières en suspension dans les cours d'eau, avec des conséquences négatives pour la vie aquatique : eau trouble, perte d'habitats pour la faune et la flore par dépôt de sédiments, apport de fertilisants (eutrophisation) et de pesticides associés aux particules de sol.

Dans les eaux de surface, ces phénomènes ont conduit à l'apport de 0,26 t/(ha.an) de sédiments sur la période 2013 - 2017 (soit 11 % des quantités de sols érodé, le solde s'étant redéposé avant d'arriver aux cours d'eau), ainsi que 11 568 t/an d'azote et 1 355 t/an de phosphore sur la période 2016 - 2018. Les apports excessifs de nutriments (azote, phosphore) peuvent conduire à l'eutrophisation des eaux, donnant lieu à un développement important d’algues et à un appauvrissement de l’eau en oxygène, critique pour certains organismes aquatiques. Ce phénomène, auquel contribuent d'autres sources de pollution (rejets d'eaux usées urbaines et industrielles)[6], touchait 39 % des 335 sites de contrôle de la qualité de l'eau en Wallonie pour la période 2016 - 2018. Les pesticides étaient quant à eux responsables ou coresponsables du mauvais état de 23 % des 352 masses d'eau de surface wallonnes en 2018.

Dans les eaux souterraines, le nitrate (issu des engrais azotés) et/ou les pesticides étaient responsables du mauvais état chimique de 35 % des 34 masses d'eau wallonnes en 2019. Le nitrate était seul responsable pour 5 masses d'eau, les pesticides seuls responsables pour 1 masse d'eau et le nitrate et les pesticides étaient coresponsables pour 6 masses d'eau.

Des protéines importées qui déséquilibrent le bilan d'azote

Le bilan d'azote occupe une place particulière dans les relations entre agriculture et environnement :

  • pour minimiser les impacts sur les eaux, la fertilisation azotée (engrais minéraux et engrais de ferme) doit répondre au plus près aux besoins des cultures, sans excédent. Sur la période 2014 - 2018, le surplus d'azote encore présent dans les sols agricoles après la culture principale (soit près de 40 kg de N/ha de SAU) représentait 20 % des apports annuels d’engrais azotés totaux ;

  • pour minimiser les impacts sur l'air, il faut diminuer les émissions en veillant notamment aux modalités de stockage et d'épandage des fertilisants azotés et au traitement de l'air des bâtiments d'élevage.

L'équilibre entre les apports par l'élevage (déjections utilisées comme engrais de ferme) et les besoins des cultures a été mis à mal par l'évolution de l’alimentation des bovins qui a vu la part du soja, source bon marché de protéines importée principalement d'Amérique du Sud, s’accroître de façon significative depuis plusieurs décennies par rapport à l'herbe. Ces importations augmentent les entrées d'azote dans l'ensemble de l'agroécosystème, dont les capacités d'absorption (épandages sans risque pour les eaux) sont limitées. Elles sont également responsables d'autres pressions délocalisées (déforestation, usage de pesticides sur cultures OGM résistantes, émissions dues au transport).

Des sols soumis à des risques de dégradation

L'agriculture entraine des risques de dégradation des sols, qui varient selon les productions et les pratiques agricoles. À titre d'exemple, le développement des cultures de légumes-racines (pommes de terre, carottes…) a un impact environnemental fort : dégradation de la structure des sols et perte de matière organique du fait d'un travail intensif de la terre, perte de terre importante à chaque récolte (de l'ordre de 6 t/ha), problèmes de compaction liés aux engins de récolte.

Parmi les risques de dégradation des sols, la baisse des teneurs en matière organique a des conséquences majeures sur la structure des sols et, par conséquent, sur l'aération, la résistance à l’érosion, à la battance[7] et à la compaction, l'infiltration et la rétention de l'eau. La part de superficie wallonne cultivée concernée par des teneurs en matière organique trop faibles pour garantir une bonne structure des sols est estimée à 90 % (période 2015 - 2019). En ce qui concerne l'érosion, les pertes en terre dépassent 5 t/(ha.an) sur 59 % de la superficie des sols sous cultures (près de 240 000 ha), et 10 t/(ha.an) sur 23 % de celle-ci (près de 92 000 ha) (période 2010 - 2019)[8]. Or on considère qu'au-delà de 5 t/(ha.an), les pertes sont incompatibles avec le maintien à long terme de toutes les fonctions que remplissent les sols (y compris p. ex. le stockage de carbone et la préservation de la biodiversité). En ce qui concerne les risques de compaction, des cartes de sensibilité existent mais sans estimation des superficies effectivement touchées par le problème. Les sols agricoles sont également concernés par l'apport d'éléments indésirables présents dans les engrais ou amendements, qui peuvent devenir une source de pollution diffuse. C'est le cas des apports de cadmium via les engrais phosphatés, ou des apports de cuivre, de nickel et de zinc via les engrais de ferme, ou encore d'autres éléments traces métalliques via les boues de stations d'épuration collectives (STEP) valorisées en agriculture.

La biodiversité impactée

Les pressions environnementales de l'agriculture sur la biodiversité doivent être appréhendées sur plusieurs plans : la biodiversité dans les sols (faune et microflore des sols), celle des milieux agricoles (espèces et habitats des milieux agricoles) et l'agrobiodiversité (espèces végétales cultivées et races animales élevées). À noter que l'agriculture, comme d'autres secteurs, impacte également la biodiversité dans les cours d'eau.

La biodiversité dans les sols est considérable et méconnue. Des études indiquent qu'elle est affectée par les pratiques agricoles (pesticides, travail du sol, perte de teneur en matière organique). En Wallonie, quatre indicateurs de qualité biologique des sols ont montré des réponses contrastées sous prairies et sous cultures, indiquant globalement une activité plus faible de la faune microbienne du sol dans le second cas(a).

Pour la biodiversité des milieux agricoles, l'évolution des populations d'oiseaux constitue un bon indicateur du fait de leur position élevée dans les chaînes alimentaires, de leur grande variété d’exigences écologiques et d’un temps de réaction relativement rapide face aux changements environnementaux. Les effectifs des espèces d'oiseaux communs[9] strictement associées aux milieux agricoles sont en déclin continu depuis 1990. Ces espèces ont perdu 60 % de leurs effectifs au rythme moyen de 3 % par an entre 1990 et 2020. À titre de comparaison, les effectifs des espèces d'oiseaux communs strictement associées aux milieux forestiers ont montré une diminution globale de 22 % sur la même période. Cette évolution des oiseaux agricoles s'explique par (i) la perte de ressources alimentaires (grains, insectes, micromammifères…) en raison notamment de l'utilisation de pesticides et de l'absence de plantes montées en graines, (ii) la perte d'éléments structurants du paysage (haies, bosquets), sources de nourriture et sites de nidification, (iii) l'augmentation de la fréquence de fauche des prairies (production de fourrage) et de la rapidité du travail de récolte, problématique en particulier pour les espèces nichant au sol (mortalité directe) et induisant une raréfaction des insectes servant de proies aux oiseaux.

En ce qui concerne l'agrobiodiversité, l'érosion parmi les races bovines a été particulièrement importante. En quelques décennies, les races locales à caractère mixte ont cédé la place à deux races hyperspécialisées : la Holstein Pie-Noire (lait) et le Blanc Bleu Belge (viande). Des données d'évolution du nombre d'éleveurs[10] sur la période 2015 - 2020 semblent toutefois indiquer l'amorce d'un intérêt pour des races alternatives, plus rustiques, au détriment des races dominantes.


Des mesures pour une agriculture plus favorable à l'environnement

Un cadre européen

Sous l'impulsion européenne, plusieurs outils législatifs ont été mis en place pour limiter les pressions et impacts de l'agriculture sur l'environnement. Dans le domaine de la protection des eaux, il s'agit par exemple de la directive "Nitrate", mise en œuvre en Wallonie par le Programme de gestion durable de l'azote en agriculture (PGDA), ou de la directive-cadre sur l'eau, mise en œuvre par les Programmes de gestion des districts hydrographiques (PGDH), qui comprennent notamment des mesures de lutte contre l'érosion. Dans le domaine de la qualité de l'air, la directive "NEC" fixant des plafonds d'émissions pour le NH3 et les COVNM notamment est mise en œuvre par les Plans air climat énergie. Le Plan air climat énergie à l'horizon 2030 (PACE 2030), en cours d'élaboration, comprendra des mesures renforcées pour lutter contre les émissions de NH3 par l'agriculture. En ce qui concerne les pesticides, il s'agit de la directive-cadre sur les pesticides visant une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable en réduisant les risques et les effets sur la santé et l’environnement, qui a donné lieu au Programme wallon de réduction des pesticides (PWRP 2018 - 2022).

Par ailleurs, comme déjà évoqué, la PAC a évolué en intégrant progressivement plusieurs préoccupations environnementales. Toutes les aides financières octroyées aux agriculteurs au titre de la PAC (aides des 1er et 2ème piliers)[11] sont conditionnées au respect de règles visant la protection de l'environnement, la santé publique, animale et végétale et le bien-être animal, principe appelé "conditionnalité". L'un des régimes d'aides du 1er pilier, le "paiement vert", est assorti de conditions supplémentaires : maintien d’un certain ratio de prairies permanentes, diversification des cultures et présence de "surfaces d'intérêt écologique" sur 5 % des terres arables ("verdissement")[12]. Enfin, les aides du 2ème pilier (appliquées en Wallonie via le Programme wallon de développement rural ou PwDR) comprennent le soutien à l'agriculture bio, les paiements agroenvironnementaux et climatiques (MAEC)[13] et les indemnités Natura 2000[14], aides qui poursuivent toutes des objectifs environnementaux. Des mesures renforcées sont attendues dans le cadre de la "PAC post 2020", qui sera d'application dès 2023. Ces mesures devront intégrer les objectifs de la Stratégie de la ferme à la table (Farm to Fork Strategy) et de la Stratégie de l’Union européenne en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030, élaborées dans le cadre du Pacte vert pour l'Europe (European Green Deal). Il s'agit notamment, d'ici 2030, de réduire de 50 % l’utilisation et les risques des pesticides chimiques ainsi que l’utilisation des pesticides les plus dangereux, de diminuer d’au moins 20 % le recours aux engrais, de baisser de 50 % les ventes d’antimicrobiens destinés aux animaux d’élevage et à l’aquaculture, et d'encourager le développement de l’agriculture bio dans l’Union européenne afin de porter sa part à 25 % de la SAU (cette proportion était en 2019 de 8,5 %). La nouvelle PAC introduira également un nouveau système de gouvernance plus décentralisé, chaque État membre devant présenter un plan stratégique national définissant la manière dont seront utilisés les instruments de la PAC, dans le but d'atteindre les objectifs de la PAC ainsi que ceux du Pacte vert pour l'Europe. En Belgique, par dérogation, il devrait s'agir de deux plans, l'un pour la Flandre, l'autre pour la Wallonie.
 

Aspects territoriaux.copy1.JPG


Des mesures à prendre ou à renforcer

La plupart des pressions et impacts de l'agriculture sur l'environnement sont des phénomènes réversibles. À titre illustratif, des études réalisées en Wallonie montrent les effets positifs des MAEC sur la biodiversité locale en milieu agricole. Une proportion plus importante de superficies agricoles sous MAEC serait nécessaire pour obtenir des effets mesurables à l'échelle régionale.

Le tableau suivant donne un aperçu des principales mesures concrètes qui permettent ou permettraient des améliorations, avec mention d'outils législatifs qui y contribuent. Plusieurs facteurs peuvent influencer l'efficacité de ces outils : régime volontaire ou obligatoire, existence ou non d'incitants financiers, de contrôles, de sanctions… Par ailleurs, l'absence d'outils législatifs ne signifie pas que les mesures ne sont pas appliquées. Ce tableau ne peut donc pas être interprété en termes de complétude des mesures ou d'atteinte d'objectifs.
 

Mesures à prendre ou à renforcer 

Outils qui y contribuent

Lutter contre la simplification des habitats

Maillage écologique (haies, arbres, bosquets, mares…), prairies naturelles, prairies à haute valeur biologique, diversification des cultures, associations d'espèces végétales (agroforesterie[15] p. ex.)…

MAEC, Natura 2000, Conditionnalité des aides de la PAC, Paiements verts de la PAC

Réduire les pressions liées aux engrais 

Apports réduits (bilan des apports fertilisants de N, P et K sous toutes les formes, fertilisation raisonnée, agriculture de précision, légumineuses en rotation ou interculture, agriculture bio…)

PwDR (agriculture bio), Plan de développement de la production biologique en Wallonie à l'horizon 2030

Production (engrais de ferme), stockage (engrais de ferme) et épandage (engrais minéraux et engrais de ferme) réduisant le risque de volatilisation et de transfert vers les eaux de surface et souterraines

PGDA, Conditionnalité des aides de la PAC, PACE 2030

Cultures intermédiaires pièges à nitrate (CIPAN)

PGDA

Zones tampons (tournières enherbées, parcelles et bandes aménagées…)

PGDA, Conditionnalité des aides de la PAC, MAEC

(Engrais de ferme) Biométhanisation (production de méthane et de fertilisants organiques en réduisant les émissions de gaz à effet de serre)

PAC (aides à l'investissement), Certificats verts, PACE 2030

(Engrais de ferme) Moindre recours aux protéines importées (soja)

/

(Engrais de ferme) Autonomie fourragère (faible charge en bétail)

MAEC

Réduire les pressions liées aux pesticides

Apports réduits (développement du désherbage mécanique robotisé en maraîchage et cultures de légumes…) ou exclus (agriculture bio pour les pesticides de synthèse…)

PwDR (agriculture bio), PWRP

Types et modalités de traitement réduisant le risque de volatilisation et de transfert vers les eaux de surface et souterraines

PWRP, Conditionnalité des aides de la PAC (contrôle des pulvérisateurs)

Zones tampons (tournières enherbées, parcelles et bandes aménagées…)

MAEC, PWRP

Réduire les pressions liées aux aliments importés pour le bétail

Développement d'une meilleure autonomie alimentaire à l’échelle de l’exploitation et des territoires (échanges entre exploitations), meilleure valorisation des fourrages autoproduits, développement de sources de protéines produites localement (protéagineux, tourteau de colza, drêches…)

MAEC

Lutter contre la perte de matière organique des sols

Maintien des stocks de carbone existants (prairies permanentes)

Paiements verts de la PAC

Couverture végétale plus dense et plus pérenne (cultures intermédiaires, prairies temporaires, cultures pérennes, agroforesterie, restauration de prairies permanentes…)

MAEC

Retour au sol de résidus ou co-produits de cultures, apport de matière organique (engrais de ferme, composts, digestats, boues de STEP valorisables)

/

Diversification culturale, allongement des rotations, techniques favorisant une bonne structure des sols et une faible érosion (travail limité du sol p. ex.)

/

Suivi plus fin de la dynamique du carbone dans les sols par des indicateurs spécifiques (fractions grossière et fine de carbone p. ex.) pour des mesures correctrices rapides

/

Lutter contre l'érosion

Cultures de couverture, techniques diminuant l'érosion (travail limité du sol p. ex.), gestion des rotations, teneur suffisante en matière organique, aménagements anti-érosifs (bandes enherbées, haies…), agroforesterie

Code de l'agriculture, PGDH, PGRI[16], MAEC

Réduire le risque de compaction

Teneur en matière organique suffisante, organisation des travaux agricoles (charge, nombre de passages…) tenant compte des conditions de sol (texture, humidité), ajustement des techniques (pneus, pression de gonflage…) et des méthodes (type de labour, travail limité du sol…)

/


Parmi les outils du tableau ci-avant, ceux du PwDR, à plus fort impact environnemental, donnent les indicateurs de mise en œuvre suivants :

  • En 2020, l'agriculture bio concernait 15 % des exploitations wallonnes et couvrait 12 % de la SAU wallonne, dont 74 % de prairies permanentes et temporaires et 22 % de grandes cultures. La SAU en bio a doublé entre 2010 et 2020. Côté cheptel, la part du bio en 2020 atteignait 52 % pour les poulets et poules pondeuses, 10 % pour les bovins et 3 % pour les porcins. Le cheptel bio des poulets et poules pondeuses a été multiplié par 3,8 entre 2010 et 2020 et celui des bovins par 1,7, le cheptel bio des porcins ne montrant pas de tendance nette sur 10 ans. Les objectifs du Plan stratégique pour le développement de l’agriculture biologique en Wallonie à l’horizon 2020 n'ont cependant pas tous été atteints. De nouveaux objectifs sont définis dans le Plan de développement de la production biologique en Wallonie à l'horizon 2030, dont une production bio sur 30 % de la SAU wallonne.

  • Le taux de participation à au moins une MAEC atteignait 46 % des producteurs en 2020, soit 5 948 producteurs. Les taux de réalisation des objectifs étaient variables (de 5 % à plus de 100 % selon les MAEC en 2020).

  • La part de SAU gérée en conciliation avec la conservation de la nature dans le cadre de Natura 2000 s'élevait à 5,5 % en 2017.

À noter que, selon une étude(b) fondée sur la littérature de référence pour des contextes écologiques analogues à celui de la Wallonie, la superficie soutenant la biodiversité (SSB)[17] (à laquelle contribue une part des superficies sous MAEC et Natura 2000) devrait atteindre minimum 10 % des superficies sous cultures et 15 % des superficies sous prairies permanentes pour assurer la conservation des espèces et habitats naturels et fournir un soutien aux équilibres agroécologiques favorisant la production agricole. En 2020, ces besoins minimums n’étaient pas rencontrés puisque la SSB estimée atteignait 1,5 à 2 % des superficies sous cultures et près de 11 % des superficies sous prairies permanentes. À ce critère quantitatif s'ajoute un critère de répartition : il est essentiel que les éléments constitutifs de la SSB forment un maillage partout sur le territoire.


Les défis pour l'avenir

Le développement d'une agriculture plus favorable à l'environnement devrait reposer sur deux axes fondamentaux : la transition vers d'autres modes de production et la reconnaissance et le renforcement des fonctions non productives de l'agriculture qui rendent service à la société.

La transition vers d'autres modes de production comprend le développement ou le renforcement des pratiques pouvant conduire à une baisse des pressions sur l'environnement, résumées dans le tableau ci-avant : autonomie fourragère, agriculture à faibles intrants, pratiques préservant la structure et la qualité biologique des sols, pratiques anti-érosives, contrôle des émissions atmosphériques, amélioration du maillage écologique… L'évolution des modes de production devrait également viser l'adaptation du secteur aux changements climatiques, notamment par le choix de variétés plus résistantes ou mieux adaptées, ainsi que par la recherche d'alternatives pour l'approvisionnement en eau lors des sécheresses saisonnières.

Actuellement, les fonctions non productives de l'agriculture, assurées de manière variable selon le caractère plus ou moins intensif des pratiques agricoles, ne sont que peu rémunérées. Le soutien important du secteur par les aides publiques pourrait valoriser davantage ces fonctions en rétribuant les agriculteurs pour les services rendus. Parmi ces services se trouvent le stockage de carbone et la restauration ou le maintien d'habitats, d'espèces et de paysages diversifiés en milieu agricole. Ils nécessitent le maintien de l'emploi rural en tant que réservoir de compétences et de savoir-faire pour la gestion de l'espace rural. Dans la nouvelle PAC post 2020, à côté d’une montée en puissance des outils du 2ème pilier (bio, MAEC), on trouvera un renforcement de la conditionnalité des aides du 1er pilier et une mise en place des éco-régimes, paiements directs aux agriculteurs qui seront couplés à des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Principale nouveauté, ces éco-régimes ont un potentiel important pour rencontrer ces enjeux. Ces moyens seront-ils suffisants pour rencontrer les objectifs du Pacte vert pour l'Europe ? Cela dépendra dans une large mesure des plans stratégiques nationaux qui seront négociés entre chaque État membre et la Commission européenne.

Le Plan de relance de la Wallonie souligne que l'agriculture doit faire partie des solutions pour la relance et le redéploiement de la Wallonie dans un contexte de transition, notamment en raison de ses dimensions transversales et de sa capacité à produire des actions générant un triple dividende (économique, social et environnemental). Il comprend diverses mesures dont des mesures de soutien à la transition environnementale de l'agriculture.

 


[1] Sont donc exclues de ces statistiques les activités agricoles considérées comme étant à titre accessoire, qui concernaient environ 2 500 producteurs et 32 000 ha en 2019. À titre indicatif, ce seuil correspond à 13,5 ha de froment ou 10 vaches laitières.

[2] Prairie mise en rotation culturale, donc implantée en général pour moins de cinq ans

[3] Surface laissée toujours en herbe et caractérisée par l’absence d’un travail du sol

[4] Données wallonnes en cours d'estimation. Le chiffre cité doit être considéré avec prudence : (1) il comprend les consommations des utilisateurs non professionnels, (2) la Flandre est plus grande consommatrice que la Wallonie et (3) la Belgique déclare à l'Europe un plus grand nombre de substances actives que d'autres pays européens.

[5] À noter que la baisse des pressions n'est pas nécessairement proportionnelle à la baisse du nombre de bovins. Les pressions d'une vache produisant 10 000 l de lait par an sont supérieures à celles d'une vache produisant 4 000 l/an.

[6] Selon des simulations effectuées sur les données 2015, plus de 61 % du total des apports de carbone, d'azote et de phosphore au réseau hydrographique wallon provenaient d'apports diffus par ruissellement sur les sols (agricoles et non agricoles), alors que 27 % provenaient du rejet d’eaux usées urbaines et 8 % des rejets industriels.

[7] Dégradation de la structure des sols sous l'action des gouttes de pluie, entraînant la formation d'une croûte de surface s'opposant à l'infiltration

[8] Ces estimations ne comprennent pas les phénomènes aigus d'érosion linéaire (creusement de ravines) ou en masse (coulées boueuses).

[9] Les espèces d’oiseaux dits communs sont les espèces d’oiseaux nicheurs les plus répandues. Ces espèces font l’objet d’un suivi annuel.

[10] À noter que les données de cheptel par race ne sont plus collectées via Statbel depuis 2012 (fin des recensements agricoles).

[11] Les aides du 1er  pilier visent à soutenir les revenus des agriculteurs ("paiement de base", "paiement vert" et "paiement jeune agriculteur") et à stabiliser les marchés de certains produits agricoles en évitant que leurs prix ne tombent trop bas. Elles sont entièrement financées par l'Union européenne. Les aides du 2ème  pilier concernent la politique de développement rural de l'Union européenne. Elles sont cofinancées par la Wallonie et l'Union européenne.

[12] Les normes de ce paiement vert devraient être intégrées dans la conditionnalité applicable partout pour tous dans la PAC post 2020.

[13] Les méthodes agroenvironnementales et climatiques (MAEC) visent à encourager la mise en œuvre par les agriculteurs de pratiques favorables à la conservation et à l’amélioration de l'environnement (plantation de haies, prairies de haute valeur biologique, autonomie fourragère...), au-delà de ce que leur impose la législation. Ces pratiques, qui font l’objet d’un engagement volontaire pour 5 ans, donnent lieu à une rémunération pour couvrir le manque à gagner et les coûts liés à leur mise en œuvre.

[14] Un agriculteur qui exploite une parcelle agricole reprise en site Natura 2000 peut être soumis à certaines contraintes : certains actes (labour, drainage, apport d'engrais et pesticides…) sont soumis à notification, à autorisation ou sont interdits (hors dérogations). Un régime de compensation financière est prévu.

[15] Association d'arbres et de cultures ou d'animaux sur une même parcelle

[16] Plans de gestion des risques d'inondation

[17] La superficie soutenant la biodiversité est constituée de surfaces pour lesquelles les meilleures connaissances scientifiques permettent de conclure qu'elles assurent, dans notre contexte régional, une contribution déterminante au maintien et au développement de la biodiversité patrimoniale (espèces protégées et menacées, habitats protégés) et de la biodiversité dite ordinaire (d'après Walot, 2020(a)).

 

Références

(a) Krüger I, Chartin C, van Wesemael B, Carnol C, 2018. Defining a reference system for biological indicators of agricultural soil quality in Wallonia, Belgium. Ecological Indicators, 95, 568-578. q 

(b) Walot T, 2020. Quelles superficies pour soutenir la biodiversité dans la surface agricole ? Note de travail dans le cadre du projet de Plan Stratégique Post 2020. UCL - ELIA - EVAGRI. q 

Sources

Aves-Natagora ; Biowallonie ; CORDER asbl ; Eurostat ; GRAEW ; SPW - AwAC ; SPW Énergie - DEBD ; SPW Environnement - DEE ; SPW Environnement - DEMNA ; Statbel (SPF Économie - DG Statistique) ; UCLouvain - ELI - TECLIM & REQUASUD (licence A09/2016) ; UCLouvain - ELI - ELIB ; ULiège-GxABT - Unité BIOSE (modèle EPICgrid)
 

Remerciements

Bernard GODDEN (CRA-W) ; Olivier MISERQUE (SPW Agriculture - DEMNA) ; Christian MULDERS (SPW Environnement - DEE)