Historiquement énergivore, l’industrie extractive et manufacturière wallonne a vu sa consommation finale d’énergie baisser fortement dans les années 2000. La crise économique et en particulier son impact sur la filière sidérurgique à partir de 2009 a accéléré sa mutation vers des filières moins énergivores. L’industrie, avec 35 % de la consommation totale d'énergie(a), restait cependant le premier secteur consommateur d’énergie finale en Wallonie en 2016, devant les secteurs du transport et du résidentiel.

Découplage entre la consommation d'énergie et la valeur ajoutée brute de l'industrie

En 2016, la consommation finale d’énergie de l’industrie extractive et manufacturière s’élevait à 44 539 GWh contre 76 281 GWh en 1990. Près de 90 % de la consommation était à usage énergétique (combustion), le solde étant utilisé en tant que matière première dans les procédés de fabrication, essentiellement dans les secteurs des minéraux non métalliques (bitume) et de la chimie (gaz naturel pour la fabrication d'engrais). Les quatre secteurs qui consommaient le plus d’énergie en 2016 étaient ceux des minéraux non métalliques (35 %), de la chimie (24 %), de l'alimentation (12 %) et de la sidérurgie (12 %). Depuis 1990, la consommation d’énergie utilisée par unité de richesse produite q a fortement baissé. Cette évolution résulte, d’une part, du déclin de filières énergivores accompagné du développement d’activités industrielles à haute valeur ajoutée et moins consommatrices d’énergie et, d’autre part, d’une amélioration de l’efficacité énergétique des entreprises, encouragée notamment par des accords de branche sectoriels q.

L'importance du déclin de la sidérurgie dans la baisse de la consommation finale d'énergie de l'industrie

Le secteur sidérurgique wallon a profondément évolué depuis les années ’70, poussé par une concurrence internationale de plus en plus forte. La crise économique de 2009 a particulièrement touché ce secteur, la production d’acier ayant baissé de 62 % entre 2008 et 2009. Après une légère reprise en 2010, le secteur a été à nouveau touché par des restructurations notamment en 2011 (arrêt du haut-fourneau B à Ougrée) et en 2013 (arrêt du four électrique à La Louvière).
Les consommations d’énergie du secteur sidérurgique ont suivi ces tendances[1]. Au début des années ’90, le secteur était responsable de près de la moitié (47 %) de la consommation finale d’énergie de l’industrie extractive et manufacturière en Wallonie. Passée à 41 % en 2000, sa part a diminué de moitié en une décennie (22 % en 2010) et ne représentait plus que 12 % en 2016. 
La crise dans le secteur sidérurgique est en grande partie responsable de la baisse de la consommation d’énergie de l’industrie, particulièrement visible entre 2001 et 2009 (- 44 %). En excluant la sidérurgie, la consommation finale d’énergie de l’industrie a tout de même diminué sur la période 2001 - 2009, mais dans une moindre mesure (- 20 %). 

Combustibles solides en baisse, énergies alternatives en hausse

Depuis 1990, le mix énergétique utilisé par l’industrie extractive et manufacturière a lui aussi fortement évolué, ce qui a influencé les niveaux d’émissions de polluants atmosphériques du secteur q. Le gaz naturel est la ressource énergétique la plus utilisée depuis 2004 et représentait 37 % de la consommation finale d’énergie de l’industrie en 2016. Accompagnant les évolutions du secteur de la sidérurgie, la consommation de combustibles solides (charbon, lignite…) et gaz dérivés a baissé de 87 % entre 1990 et 2016 et représentait pour cette dernière année 10 % de la consommation finale. Sur la même période, les énergies alternatives[2] ont augmenté de 67 % et représentaient 22 % de la consommation finale d’énergie en 2016, un niveau identique à celui de l’électricité, en légère hausse sur la période (+ 4 %).

Politiques sectorielles

Depuis le début des années 2000, la Wallonie a principalement axé sa politique d’efficacité énergétique dans le secteur industriel sur des accords volontaires appelés accords de branches q. Ces accords ont été renouvelés (accords dits de seconde génération) avec les principales fédérations industrielles pour la période 2014 - 2020. Des taux de subventions majorés ont également été mis en place pour les petites et moyennes entreprises qui ne participent pas aux accords de branche mais qui sont dans une démarche de réduction de leur consommation d’énergie.

 


[1] Il est à noter que ce secteur enregistre également une amélioration de son efficacité énergétique grâce notamment au développement de la filière électrique, moins énergivore, au détriment de la filière à oxygène. La filière électrique utilise comme matière première des matériaux recyclés, tandis que la filière à oxygène transforme les minéraux grâce aux hauts-fourneaux.

[2] Énergie issue de sources renouvelables, cogénération, incinération de déchets

Consommation finale d'énergie* de l'industrie extractive et manufacturière en Wallonie, par secteur

* Usages non énergétiques inclus (utilisation en tant que matière première dans les procédés de fabrication)

Consommation finale d'énergie* de l'industrie extractive et manufacturière en Wallonie

* Usages non énergétiques inclus (utilisation en tant que matière première dans les procédés de fabrication)
** Hors variations de prix 

Consommation finale d'énergie* de l'industrie extractive et manufacturière en Wallonie, par vecteur

* Usages non énergétiques inclus (utilisation en tant que matière première dans les procédés de fabrication)
** Énergie issue de sources renouvelables, cogénération, incinération de déchets

Évaluation

075c013d-4ef7-4fd1-be26-c8ed42c4bcd6 Etat favorable et tendance à l'amélioration

Favorable
  • Référentiel : principe de découplage
  • Entre 1990 et 2016, un découplage est observé entre la valeur ajoutée brute (VAB) et la consommation finale d’énergie de l’industrie extractive et manufacturière.
En amélioration

La consommation finale d’énergie de l’industrie extractive et manufacturière est passée de 76,3 TWh en 1990 à 44,5 TWh en 2016, alors que dans le même temps la VAB augmentait de 72 %. Par ailleurs le mix énergétique s’est amélioré avec une hausse de la part des énergies alternatives (renouvelable, cogénération, incinération de déchets) notamment.