Les changements climatiques q ont des impacts multiples sur l’avifaune : modification de la répartition des espèces et de la composition des communautés, altération des paramètres démographiques (taux de survie et de reproduction) ou modification des périodes de migration et des dates de ponte. Différents indicateurs, calculés pour la Wallonie(a), permettent d’appréhender ces impacts.
Les espèces migratrices doivent adapter leurs déplacements saisonniers à la disponibilité en ressources alimentaires qui varie en fonction des températures et des précipitations. Sous les latitudes tempérées et boréales, les dates moyennes de retour des oiseaux migrateurs (migration printanière) ont été avancées en moyenne de deux jours par décennie dans la dernière moitié du 20ème siècle(b). L’analyse des données wallonnes confirme ce phénomène pour les migrateurs transitant dans nos régions (grue cendrée ou cigogne blanche p. ex.).
Remontée vers le nord des communautés
L’influence des changements climatiques sur les communautés d’espèces[1] peut être analysée au moyen de l’indice de température des communautés (CTI[2]). Il constitue, pour une aire géographique précise, la moyenne des températures moyennes de l’aire de reproduction de chaque espèce composant la communauté de cette aire géographique, pondérée par l’abondance de chaque espèce dans la communauté. En Wallonie(a), le CTI a montré une légère tendance à la hausse de 0,027 °C par décennie sur la période 1990 - 2014, valeur très similaire à la moyenne européenne (0,026 °C, UE-28). Les milieux tourbeux des plateaux ardennais se caractérisaient par une plus forte augmentation du CTI, ce qui pourrait témoigner d’une influence plus marquée des changements climatiques sur l’avifaune de ces milieux. En Europe, l’évolution du CTI était corrélée à une remontée vers le nord des communautés de 37 km entre 1990 et 2008(c).
Des populations de plus en plus impactées
Un indicateur d’impact des changements climatiques sur les populations d’oiseaux a récemment été développé(d). Il s'agit d'un indice basé sur le ratio entre les populations des espèces prédites comme étant influencées favorablement par le réchauffement et susceptibles d’étendre leur aire de répartition, et celles des espèces prédites comme étant préjudiciées et pour lesquelles une contraction d’aire est attendue[3]. À l’échelle européenne (UE-28), la valeur de l'indice a fortement augmenté depuis 1980, suggérant un impact croissant des changements climatiques sur les populations d’oiseaux. En Wallonie, parmi les espèces étudiées, 70 espèces sont prédites comme préjudiciées par le réchauffement (p. ex. pipit farlouse, grive litorne, voire pie-grièche grise) contre 10 supposées en bénéficier (p. ex. tarier pâtre ou hypolaïs polyglotte). L'indice a augmenté à partir de 2001 et s'est stabilisé en 2009 à un niveau plus de deux fois supérieur à la valeur de 1990. En 2017, l'indice a augmenté à nouveau pour atteindre une valeur trois fois plus importante qu'en 1990.
Des effets à surveiller
Suivre les effets des changements climatiques sur la biodiversité est l’un des objectifs que la Belgique s’est fixés dans le cadre de la mise en œuvre du Plan stratégique 2011 - 2020 et objectifs d’Aichi relatifs à la diversité biologique[4]. Par ailleurs, dans son Plan air climat énergie 2016 - 2022 q, la Wallonie entend notamment appuyer, soutenir et pérenniser le financement des réseaux de suivi de la biodiversité.
[1] Assemblages d’espèces au sein d’une unité géographique
[3] Cet indicateur ne tient pas compte des effets d’autres facteurs (évolution de l’utilisation du territoire p. ex.), il ne mesure que l’effet des changements climatiques.
[4] Voir la page relative au Plan stratégique 2011 - 2020 et objectifs d’Aichi relatifs à la diversité biologiqueq et la page relative aux objectifs nationaux des objectifs d’Aichi pour la Belgiqueq
Impact des changements climatiques sur les communautés d’espèces* d’oiseaux en Wallonie
* Assemblages d'espèces au sein d'une unité géographique
** Le CTI constitue, pour une aire géographique précise, la moyenne des températures moyennes de l'aire de reproduction de chaque espèce composant la communauté de cette aire géographique, pondérée par l'abondance de chaque espèce dans la communauté.
Impact des changements climatiques sur les populations d’oiseaux en Wallonie
* Indice basé sur le ratio entre les populations des espèces prédites comme étant influencées favorablement par le réchauffement et susceptibles d'étendre leur aire de répartition, et celles des espèces prédites comme étant préjudiciées et pour lesquelles une contraction d'aire est attendue.
Évaluation
Évaluation de l'état non réalisable et tendance à la détérioration
Évaluation non réalisable
Pas de référentiel
En détérioration
Entre 1990 et 2017, la valeur de l’indice d’impact des changements climatiques sur les populations d’oiseaux en Wallonie a triplé, suggérant un impact croissant des changements climatiques sur l’avifaune. Certaines espèces peuvent bénéficier des changements climatiques, d’autres en sont préjudiciées. En Wallonie, parmi les espèces étudiées, l’influence est supposée être bénéfique pour 10 espèces et négative pour 70 espèces.
